Q&R - Point de presse live (14 mars 2024)

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Q - J’ai quelques questions concernant Haïti. Des chercheurs disent que le fait que le Haïti a dû payer un grand montant d’argent à la France après son indépendance, ça contribue à la situation actuelle. Quelle est votre réaction à ça ? Est-ce que la France a prévu de rembourser cet argent ou une partie de cet argent ? Et quel rôle est-ce que la France devrait jouer - ou va jouer - pour contribuer à une résolution du conflit actuel ?

R - Je vous remercie beaucoup. Sur la question de la dette, c’est évidemment un point historique connu de tous, et de longue date. Donc je vous renvoie à nos précédentes déclarations. Mais ce que je voulais vous dire, vraiment de manière assez forte, c’est que ce n’est pas l’objet des discussions qui sont en cours. La situation en Haïti est extrêmement sérieuse, elle est extrêmement grave. Il y a une situation sécuritaire qui est extrêmement alarmante. Cette situation sécuritaire a des conséquences sur la situation humanitaire. Et pour la France, c’est la première des priorités, maintenant : c’est d’agir pour faire en sorte qu’il y ait un rétablissement de la situation, d’abord, sécuritaire et humanitaire. Et puis - comme je vous le disais dans les propos liminaires - ensuite d’envisager un processus politique qui permette le retour de l’État de droit en Haïti. Le premier accord, qui a été obtenu à l’issue de la réunion de la CARICOM le 11 mars dernier, ouvre la voie, sur le volet politique, à une résolution de la crise, et elle ouvre la voie, surtout, à un processus politique qui sera inclusif. Ça veut dire qu’il regroupera l’ensemble des parties et amènera in fine à l’organisation d’élections libres et démocratiques. Encore une fois, la priorité de la France, c’est maintenant, parce que l’urgence, elle est aujourd’hui.

Q - C’est toujours une question sur Haïti. En complément de ce que vous avez dit, concrètement, comment la France compte s’y prendre, et notamment pour que les gangs criminels ne prennent pas part, de facto, à toute cette période de transition et ne se retrouvent pas au pouvoir en Haïti ? Parce que j’imagine que l’aide est aussi conditionnée au fait de ne pas avoir à transiger avec les gangs criminels ?

R - La situation sécuritaire en Haïti, effectivement, est extrêmement grave, et elle tient effectivement à ce que vous mentionnez, à la présence de gangs. Nous avons appuyé, même avant le début de cette crise, le déploiement d’une force multinationale de police en Haïti. Ce principe a été réaffirmé par la réunion de la CARICOM qui s’est tenue récemment, avec l’ensemble des partenaires internationaux qui sont impliqués. Donc ça, c’était un premier point, à savoir que nous sommes favorables au déploiement d’une force internationale qui permette d’appuyer - et ça, c’est le deuxième point - la police nationale d’Haïti. Donc nous avons demandé la mise en place urgente de la mission, et nous continuons par ailleurs à apporter notre soutien aux forces de police haïtiennes. Mais encore une fois, le règlement de la situation sécuritaire à Haïti est un préalable absolument nécessaire pour deux choses : déjà, pour éviter une dégradation de la situation humanitaire - qui est déjà très précaire - et pour permettre - et ça, c’est la deuxième chose - l’enclenchement d’un processus politique qui mènera au rétablissement de l’ordre constitutionnel à Haïti.

Q - Une autre question sur Haïti. Vous évoquez l’importance du rétablissement de la situation sécuritaire. Il y a eu un peu de confusion, hier, autour du déploiement de la force kényane en Haïti, des doutes sur le fait de savoir si le Kenya le ferait vraiment. Le Président kényan a finalement dit qu’il le ferait au moment où le Conseil de transition serait mis en place. La nomination des membres de ce conseil semble traîner. Est-ce que vous craignez que cette mission puisse éventuellement ne pas être déployée, ou que ce retard dans le déploiement puisse être préjudiciable à la transition et aux efforts mis en place pour lutter contre la violence et les gangs ?

R - La position que je vous ai donnée reste très valable, c’est-à-dire que, pour nous, le point c’est de réagir rapidement et de favoriser la mise en place d’une mission multinationale d’appui à la sécurité d’Haïti, à laquelle la France apportera son soutien financier. Nous suivons cela avec beaucoup d’attention. Je ne suis pas certain de pouvoir faire des commentaires sur les déclarations kényanes qui sont intervenues en début de semaine, mais en tout cas, nous suivons ça avec beaucoup d’attention et nous serons en soutien de cette force multinationale de soutien à la sécurité d’Haïti.

Q - Quelques petites questions, s’il vous plaît. D’abord, il y avait des compagnies d’armement israéliennes qui ont reçu dernièrement des notices de la part de l’organisation d’Eurosatory, du grand salon de l’armement qui va se tenir au mois de juin, comme si les conditions d’entrée pour être exposant ont été changées spécifiquement pour Israël, pour rendre en fait leur participation plus compliquée. Est-ce que vous pourriez confirmer ça ? Est-ce qu’il y a un message politique derrière, de la part de la France ?
Une deuxième question. Il y avait des publications comme si la France essayait de relancer cette initiative de faire entrer des médicaments pour les otages. Est-ce que vous avez du nouveau sur le sujet ? J’aimerais aussi vous demander : est-ce que la France compte faire partie faire partie de cette initiative américaine et chypriote pour le corridor maritime ? Est-ce que vous faites partie, en fait, des groupes qui sont en train de discuter ce projet pour, bien sûr, apporter l’aide humanitaire à Gaza ?
Et dernièrement, une question sur le Somaliland. Il y avait le - je ne sais pas si on peut l’appeler - le ministre des affaires étrangères du Somaliland à Paris cette semaine et il a eu des rencontres au Sénat. Est-ce qu’il a demandé à voir quelqu’un au Quai d’Orsay ou d’autres personnalités officielles en France ? Et est-ce que vous avez répondu ? Est-ce que vous l’avez reçu ? Est-ce qu’il était reçu comme une personnalité officielle ? Merci.

R - Merci beaucoup. Je vais prendre vos questions dans l’ordre, si vous me le permettez. Sur la question d’Eurosatory, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères n’est pas l’organisateur du salon, donc je ne suis pas du tout en mesure de vous répondre sur ce point. Votre deuxième point, c’était sur la question de… ?

Q - Le transfert de médicaments, qui n’a apparemment… Vous n’avez jamais dit ça, mais on dirait qu’il n’a jamais abouti. Il y avait cette semaine, en fait, des publications, comme si vous étiez en train de relancer cette…

R - Sur la question de la livraison des médicaments aux otages, c’est effectivement une opération que nous avons menée. Je crois qu’il y a eu, il y a quelques semaines, un communiqué officiel du Qatar annonçant que la livraison avait bien été effectuée, mais je n’ai pas connaissance d’éléments sur ce sujet-là cette semaine. Sur le corridor humanitaire et sur la question de la construction d’un port humanitaire annoncé par les États-Unis, évidemment, tout ce qui va dans le sens d’un soutien aux populations civiles de Gaza, pour nous, est bienvenu et c’est à saluer. Donc c’est une initiative qui est prise - parmi d’autres - et c’est une bonne initiative.
Mais à notre sens, il y a quand même une urgence à apporter une aide humanitaire massive, compte tenu de la situation dans la bande de Gaza. Et pour ce faire, il nous semble qu’il est absolument urgent de rouvrir les voies terrestres, en fait, parce que c’est par là que rentre le plus d’aide humanitaire. Et la réouverture des voies terrestres est quand même largement de la responsabilité d’Israël. Donc nous saluons effectivement cette initiative qui a été prise. Nous saluons les efforts qui sont faits par les États-Unis pour mettre en place des structures provisoires d’accueil de l’aide humanitaire dans le port de Gaza. Mais encore une fois, tout ce qui pourrait être fait pour apporter un soutien humanitaire à la population de Gaza sera la bienvenue. Et c’est la raison pour laquelle nous continuons à œuvrer pour que l’aide humanitaire arrive aussi par voie routière.
Sur votre dernière question, le Dr. Essa Kayd Mohamoud a été reçu, à sa demande, au niveau technique par la direction d’Afrique et de l’océan Indien. A l’occasion de ces échanges, nous avons réaffirmé, à l’instar de l’Union africaine et à l’instar des autres partenaires internationaux, notre attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Somalie.

Q - Mais protocolairement ?

R - Il a été reçu à un niveau technique.

Q - Une question sur l’Ukraine. Il y a quelques jours, le représentant spécial du gouvernement chinois sur les affaires eurasiennes était au Quai d’Orsay, notamment pour les échanges sur la situation en Ukraine. Pourriez-vous, s’il vous plaît, nous donner quelques informations sur ce point ? Merci.

R - Merci pour votre question. Effectivement, M. Li Hui a été reçu lundi au Quai d’Orsay par le directeur général adjoint pour les affaires politiques et de sécurité du ministère, qui a rappelé que la Chine avait à jouer un rôle important pour faire pression sur la Russie pour que celle-ci mette fin à sa guerre d’agression en Ukraine, afin de permettre une paix juste et durable, dans le respect du droit international, notamment et tout particulièrement de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

Q - Quelle est la réaction de la France au blocage, par des Israéliens radicaux, de l’aide humanitaire vers Gaza, alors que les Nations unies parlent d’un risque de famine généralisée qui pèse sur 2,3 millions d’habitants, et alors que Joseph Borrell dénonce de son côté l’utilisation de la faim comme arme de guerre, et alors que 27 personnes sont mortes, à Gaza, de malnutrition ? Quelle est la réaction de la France là-dessus ? Merci.

R - C’est ce que je répondais à la question précédente, c’est-à-dire que nous considérons qu’il est absolument crucial que l’aide humanitaire puisse rentrer sur le territoire de la bande de Gaza. Il y a des besoins qui sont absolument massifs. La situation humanitaire est catastrophique. Nous saluons évidemment tout ce qui a été fait dernièrement et, tout dernièrement, les livraisons que le Programme alimentaire mondial a réussi à faire dans le nord de la bande de Gaza. Nous avons dit et nous redisons que nous demandons l’ouverture systématique des points de passage. Je vous rappellerai les mots du Ministre sur la situation à Gaza - je le cite - « des civils doivent se battre pour de la nourriture. Cela doit nous mener à qualifier des faits et demander des explications au gouvernement israélien ». Donc je pense que la position est extrêmement claire. On s’est prononcés en appui d’une demande du secrétaire général des Nations unies d’une enquête indépendante, suite à des tirs israéliens - choquants - sur des civils lors d’une distribution d’aide humanitaire, à la fin du mois de février. Nous apportons par ailleurs une aide humanitaire de manière très proactive, donc évidemment tout ce qui est de nature à entraver l’acheminement de cette aide humanitaire est, selon nous, condamnable.

Q - Le Président Macron, en répondant à un député la semaine dernière, a assuré qu’il n’envisageait pas de sanctions contre Israël. La France applique des sanctions contre le Venezuela depuis 2017, pour protester contre la détérioration des droits de l’Homme au Venezuela. Est-ce que cela signifie que la France considère que la situation des droits de l’Homme est plus détériorée au Venezuela que dans les territoires palestiniens ? Ça, c’est ma première question.
La deuxième question : est-ce que la France soutiendra la demande - notamment de l’Algérie - à l’ONU, pour une enquête sur les violences sexuelles perpétrées contre des hommes et des femmes palestiniens par l’armée israélienne en détention ?
Enfin, une réunion s’est tenue ce weekend, près de Paris, avec des représentants de colonies israéliennes illégales, en présence notamment de l’avocate franco-israélienne Nili Kupfer-Naouri qui s’est illustrée sur les réseaux en train de bloquer l’aide humanitaire dans les points de passage à Gaza et qui appelle ouvertement à raser Gaza, ainsi que Yossi Dagan, organisateur d’un événement, en janvier, à Jérusalem, qui prônait le déplacement de la population de Gaza ; et cet événement a été condamné par un de vos communiqués en janvier. Donc est-ce que c’est légal, que cette réunion se tienne en France et quel est votre commentaire sur cette réunion ?

R - Sur la question des sanctions, je vous rappellerais que la France est le premier pays européen à avoir imposé des sanctions contre des colons israéliens violents, coupables de violences à l’encontre de civils palestiniens, ce sont des personnes qui sont visées par une interdiction administrative du territoire français. Nous condamnons, nous le répétons, et nous dénonçons toutes les violations du droit international humanitaire en Palestine. Sur votre deuxième point, sur l’initiative algérienne d’une enquête, je n’en ai pas connaissance, mais je reviendrai vers vous avec des éléments lorsque j’en aurai. Enfin, sur votre troisième point, nous n’avions pas d’informations sur la réunion que vous mentionniez ; encore une fois, notre position sur la colonisation est claire : elle est contraire au droit international. Nous n’avons de cesse de la dénoncer et ça, ce n’est pas quelque chose qui est nouveau. Nous considérons que c’est une entrave majeure à un dialogue politique permettant la résolution du conflit. Et c’est ce que vous disiez, nous condamnons de manière très forte la colonisation et les appels de certains ministres israéliens à la haine. Après, encore une fois, je n’ai pas d’indications sur cette réunion.

Q - Ma question porte sur le Tchad. Vous savez sans doute que la semaine dernière, M. Jean-Marie Bockel qui est l’envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique, s’est rendu au Tchad où il a rencontré le président tchadien, Mahamat Idriss Déby. Et il a eu des propos qui ont beaucoup fait parler, il a parlé de l’admiration de la France pour le président tchadien. Ce même président tchadien qui, vous le savez, est arrivé au pouvoir par un putsch en 2021, a commis des massacres en 2022, et le 28 février dernier a fait assassiner son principal opposant Yaya Dillo lors d’un raid de l’armée. Ma question est double : est-ce que le ministre de l’Europe et des affaires étrangères partage cette admiration de la France pour le président tchadien ? Et la deuxième question, est-ce que vous condamnez et comptez sanctionner les violations des droits de l’Homme des autorités tchadiennes ? Notamment tout ce qui est relatif à l’assassinat de Yaya Dillo puisque, sauf erreur de ma part, je n’ai pas entendu de position officielle des autorités françaises sur ce sujet.

R - Jean-Marie Bockel, effectivement, est envoyé du Président avec une mission qui est claire, il est en charge de la reconfiguration de notre dispositif militaire en Afrique. Après la phase de dialogue avec les partenaires africains, il remettra des propositions au Président de de la République qui rendra ses arbitrages. Concernant plus particulièrement le Tchad, le pays entame une étape clé de cette fin de transition, avec l’élection présidentielle qui se tiendra au mois de mai. Nous avons pris bonne note de la publication par les autorités tchadiennes des dates du scrutin. Plusieurs candidatures ont été annoncées, et il revient maintenant aux autorités tchadiennes compétentes de valider l’ensemble des candidatures et de préparer les conditions d’élections qui devront être libres, inclusives et transparentes. Donc il est important pour nous que ces élections soient conduites dans un esprit de concorde, d’ouverture politique et de réconciliation nationale. Je vous rappelle que la France avait condamné avec la plus grande fermeté les violences inadmissibles qui étaient survenues le 20 octobre 2022 au Tchad. Nous avions appelé à mettre en œuvre les recommandations du rapport rendu par la Commission nationale des droits de l’Homme sur ces violences, en février 2023. Nous avons toujours apporté un soutien au processus qui est en cours, encore une fois, processus qui a vocation à mener à des élections libres, ouvertes, transparentes et inclusives.

Q - Et sur le cas de Yaya Dillo ?

R - Je n’ai pas de commentaire particulier sur Yaya Dillo.

Q - Je voudrais revenir sur Gaza. Vous avez évoqué la demande d’enquête indépendante, suite à la tragédie au moment de la distribution d’aide humanitaire ; est-ce que cette enquête est ouverte, où est-ce qu’elle va être ouverte ? Est-ce que vous avez des éléments là-dessus ? Et deuxième point, cette semaine, le Maroc a annoncé un envoi d’aide humanitaire via le territoire israélien. Donc l’aide a été envoyée à Ben Gourion et passée par le passage de Kerem Shalom. Est-ce que vous avez des discussions avec les Israéliens sur une aide qui pourrait transiter de la même manière par ce point de passage ?

R - Je n’ai pas d’informations concrètes à vous donner sur l’enquête, mais en tout cas sur le principe nous y sommes favorables.
Sur votre deuxième point, effectivement, encore une fois, toute aide humanitaire qui pourra rentrer dans la bande de Gaza sera pour nous une excellente nouvelle et si les Marocains en ont fait acheminer, c’est effectivement une excellente nouvelle. Tous les points d’accès, selon nous, doivent être ouverts. Encore une fois, les besoins de la population gazaouie sont massifs et tous les points doivent être ouverts. Nous avons aussi constaté que le Programme alimentaire mondial (PAM) avait réussi à faire entrer des camions par le nord de la bande de Gaza, dernièrement. Donc nous espérons qu’il y a des possibilités. Nous espérons surtout que ces réouvertures soient durables.

Q - Deux nouvelles questions s’il vous plaît. Une concernant l’aide humanitaire à Gaza aussi, la mise en place de ces différents corridors aériens, maritimes ; vous rappeliez le besoin des accès terrestres, est-ce que vous ne craignez pas, comme certaines ONG l’ont souligné, ces derniers temps, que la mise en place de couloirs alternatifs, finalement, allège la pression sur le gouvernement israélien pour qu’il rouvre ou qu’il ouvre plus largement en tout cas les accès terrestres ? Et puis une question sur la conférence dont vous avez parlé sur le Soudan : est-ce que vous pourriez développer un petit peu sur qui seront les pays présents, invités en tout cas ? Voilà, sur le contenu de cette réunion ?

R - Sur votre première question, je vous renverrais en fait aux diverses expressions du Ministre sur le sujet ; c’est-à-dire qu’encore une fois il y a des difficultés d’acheminement de l’aide humanitaire aux populations de Gaza. Pour ce qui concerne la France, nous essayons d’apporter des solutions par divers moyens. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé, en lien notamment avec la Jordanie, des largages d’aide humanitaire. C’est une aide qui permet de livrer rapidement de l’aide sur place. Le corridor maritime est une autre solution. Mais encore une fois, et c’est ce que le Ministre a répété plusieurs fois, ce n’est pas suffisant. C’est pour cela que nous réclamons depuis plusieurs semaines l’ouverture des points de passage dans le nord de la bande de Gaza - encore une fois, je vous signalais l’entrée d’un convoi du PAM, c’est une bonne nouvelle, mais nous espérons que cette ouverture soit durable - et l’ouverture de tous les points de passage pour faire entrer l’aide humanitaire. Encore une fois les besoins sont massifs, donc tous les moyens à notre disposition sont bons. Mais certains sont plus efficients que d’autres. Nous appelons vraiment à la réouverture de ces points de passage. Nous sommes sur ce sujet exigeant vis-à-vis des Israéliens puisque c’est un point qui fait l’objet régulièrement de discussions entre nos hautes autorités, entre les autorités israéliennes et les autorités françaises.
Sur la question de la conférence sur le Soudan, c’est une conférence qui sera organisée par la France, l’Allemagne et l’Union européenne. C’est une conférence à vocation humanitaire, pas seulement, mais d’abord à vocation humanitaire, sur le Soudan et les pays voisins, qui se tiendra à Paris le 15 avril prochain. Elle réunira, outre les pays que je vous ai cités, des organisations internationales qui seront impliquées dans les discussions, des acteurs humanitaires qui opèrent aujourd’hui au Soudan et, bien évidemment, comme je vous l’avais dit, tout cela en coordination étroite avec les Nations unies et avec le Représentant spécial des Nations unies pour le Soudan, M. Ramtame Lamamra. Les deux objectifs de cette conférence, si je schématise un peu, c’est d’abord d’apporter les financements nécessaires à l’aide humanitaire au Soudan, et le deuxième objectif, c’est d’appeler l’ensemble des parties à rendre possible les accès humanitaires, les rendre possibles, les rendre libres, les rendre sûrs et sans entrave sur l’ensemble du territoire soudanais. Encore une fois, c’est une double problématique, d’acheminement d’aide humanitaire et de permettre que cette aide humanitaire arrive au plus près des populations qui en ont vraiment besoin. Je vous rappellerais qu’à ce jour la France a apporté une aide de plus de 55 millions d’euros pour répondre aux besoins humanitaires des populations au Soudan, ainsi qu’aux réfugiés soudanais dans les pays voisins, puisque vous savez que cette crise a généré des mouvements de populations et qu’il y a énormément de de personnes déplacées. Sur le même sujet, l’Union européenne a mobilisé 500 millions d’euros en 2023, soit environ un tiers de la réponse de la réponse internationale. Nous voulons poursuivre les efforts en faveur d’une amélioration de la situation humanitaire et en faveur de la résolution du conflit au Soudan. La souffrance du peuple soudanais est inacceptable. C’est la raison pour laquelle cette conférence va être organisée, encore une fois, à l’initiative de la France, de l’Allemagne et de l’Union européenne.

Q - Est-ce que sur les pays invités, il y aura des pays du Golfe, qui sont d’importants contributeurs sur le plan de l’aide humanitaire, et par ailleurs, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats, qui ont aussi un rôle politique important dans la crise soudanaise ?

R - La conférence est dans un mois ; le principe en est fixé, les invitations sont lancées. Mais je pense que nous aurons l’occasion de revenir sur les pays présents, les organisations internationales et les ONG qui seront présentes. L’idée, au départ en tout cas, qui était l’idée de la France, de l’Allemagne et de l’Union européenne, c’est d’être le plus inclusif possible pour avoir justement un tour de table le plus large possible permettant d’une part une levée de fonds pour de l’aide humanitaire, mais aussi d’avoir l’ensemble des acteurs concernés pour que la discussion sur les autres sujets puisse être utile.

Q - Le président de la République s’exprime ce soir sur la guerre en Ukraine dans une allocution télévisée ; et le journal Le Monde publie ce matin des propos d’Emmanuel Macron qui aurait fait part en privé de son intention d’envoyer des hommes pour défendre Odessa. Est-ce que vous avez un commentaire sur ces informations, et est-ce que la France se dirige vers un virage majeur de son soutien militaire à l’Ukraine ?

R - Le mieux, c’est d’attendre ce que dira le Président de la République, ce soir. Vous savez que, dans ce moment crucial, la France, avec l’ensemble de ses partenaires, soutient l’Ukraine dans la durée. Nous sommes toujours dans une situation, - je vais vous répéter des mots que vous connaissez certainement, mais- la Russie fait preuve d’une agressivité renouvelée et cela nécessite un sursaut de la part des partenaires de l’Ukraine.

Q - Il y a des Franco-israéliens qui rejoignent l’armée israélienne sur place. Je voulais savoir s’il y aurait des enquêtes menées sur ces binationaux ? Et si ces binationaux ont commis des crimes contre les Gazaouis, seront-ils poursuivis en France ?

R - Sur cette question, comme vous le savez, la binationalité est une double allégeance, donc on n’enquêtera pas sur ce que feront les Franco-israéliens vis-à-vis de leurs obligations militaires en Israël. Nous l’avons redit, et c’est la position que vous connaissez très bien, et je vous renvoie à toutes les déclarations que nous avons pu faire sur le positionnement de la France vis-à-vis de ce sujet.

Q - Si ces binationaux ont commis des crimes contre les Gazaouis, est-ce qu’ils seront poursuivis en France ?

R - C’est une question un peu prospective.
Bien. Je vous remercie tous de votre présence aujourd’hui et je vous retrouve avec un plaisir intact la semaine prochaine. Merci infiniment à tous.