Relations bilatérales

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Relations politiques

La France soutient l’ensemble des efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg. Elle a co-parrainé, avec les États-Unis et le Royaume-Uni, la résolution 2216 du CSNU du 14 avril 2015. La résolution appelle à la reprise du dialogue, à une solution politique inclusive et pérenne, à un embargo sur les armes et à des sanctions individuelles contre les houthis, ainsi qu’au respect des droits de l’Homme.

La France a renforcé son aide humanitaire à destination du Yémen depuis 2019. Entre 2019 et 2023, les aides françaises ont augmenté, passant de 8,7 M € à près de 23 M €. La France intervient sur le plan humanitaire en matière de santé, de sécurité alimentaire et de nutrition, d’eau-hygiène-assainissement, mais également de la résilience économique et du déminage. Ce soutien transite par les agences des Nations Unies (Unicef, HCR, PAM, OIM, fonds commun des Nations Unies) et des ONG internationales (CICR) et françaises (ACF, Triangle). Le Centre de crise et de soutien (CDCS), placé sous l’autorité du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, a également lancé des projets humanitaires et de stabilisation au Yémen, en 2017. Depuis, cette aide est en croissance constante. Conformément au mandat du CDCS, ces projets sont mis en œuvre par des ONG françaises ou internationales (Action Contre la Faim, Première Urgence Internationale, Mercy Corps, etc.). Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères agit également par le biais d’Expertise France, qui déploie plusieurs projets dans le secteur de la pêche, ressource économique majeure pour une partie de la population, en particulier dans le Sud et à Aden. Le CDCS déploie également des opérations de stabilisation et d’aide au développement en territoire gouvernemental.

La France reste également engagée dans les enceintes internationales consacrées à l’aide humanitaire et lors des conférences de donateurs. Elle a ainsi participé aux conférences de Genève, le 27 février 2023, et de Riyad, le 6 mars 2023, lors desquelles elle a appelé à la fin des restrictions imposés aux personnels onusiens et humanitaires par les Houthis et plus particulièrement celles affectant le personnel féminin.

En outre, la France a contribué à la mission d’inspection mandatée par l’ONU du terminal d’exportation pétrolière FSO Safer, amarré au large des côtes du Yémen depuis 2015. La France s’est coordonnée avec les Pays-Bas, l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni, en lien avec le Programme de Développement des Nations unies (PNUD), et 3,3 MEUR ont été octroyés par la France en août 2023. Le transfert du pétrole du Safer vers un nouveau navire permettant d’écarter le risque de catastrophe environnementale a été achevé en juillet 2023.

Présence française

L’ambassade de France au Yémen est fermée depuis février 2015. L’ambassadrice de France pour le Yémen et son équipe exercent leurs fonctions depuis Riyad, en Arabie saoudite mais se rendent sur une base régulière au Yémen.

Visites

Octobre 2023 : visite à Paris du ministre de la Culture, Moamar el Eryani.
Novembre 2022 : échange entre le Président Alimi et le président de la République en marge de la COP27.

Relations économiques

Les relations économiques bilatérales avec le Yémen sont faibles. Sur les douze derniers mois (décembre 2022 - novembre 2023), les échanges économiques se sont élevés à 113 M € (110 M € d’exportations et 3 M € d’importations) selon la nomenclature agrégée des douanes françaises (échange de biens hors matériel militaire). Les produits français exportés sont, en très grande majorité, des produits agroalimentaires.

Quelques mois après le début de la guerre civile, TotalÉnergies, partie prenante au projet Yemen LNG sur le site de Balhaf, a dû suspendre ses activités au Yémen. Dans un contexte où les infrastructures du site (gazoduc, usine de liquéfaction) avaient déjà été visées par plusieurs attaques et actes de sabotage, y compris avant le début du conflit en 2014, TotalÉnergies a décidé, dès 2015, de déclarer la force majeure, de suspendre ses activités, et de rapatrier l’ensemble de son personnel en France.

Coopération culturelle, scientifique et technique

La France participe à la promotion de bourses d’études, ayant permis à plus de 100 étudiants yéménites d’y être accueillis depuis 2017. Une coopération conclue entre la fondation Hadramaout pour le développement humain, fondation philanthropique visant à favoriser le développement du Yémen, et Campus France, opérateur du ministère de l’Europe et des affaires étrangères pour la promotion des études en France auprès des étudiants étrangers, en est à l’origine. La France a également financé des cours de français au Centre culturel yéménite du Caire, ainsi que des institutions yéménites telles que le Yemen Information Center ou le think tank Sanaa Center.

Autres types de coopération

La coopération de défense est actuellement en sommeil. Des efforts sont en cours pour relancer les relations et conduire des actions dans le domaine de l’enseignement du français au sein des forces armées yéménites.

Informations complémentaires

Les houthis sont un groupe armé extrémiste qui a pris le pouvoir dans le Nord du Yémen après la conquête militaire de Sanaa en 2014, en opposition au gouvernement yéménite légitime. Les houthis forment un groupe majoritairement chiite à l’idéologie sectaire et aux méthodes violentes. Depuis 2015, ce groupe contrôle les principales institutions yéménites qui se trouvent à Sanaa. Pour autant, le gouvernement internationalement reconnu, replié à Aden, la capitale provisoire, exerce son autorité et sa gouvernance sur l’ensemble du territoire hors des zones sous contrôle des houthis et demeure le seul interlocuteur reconnu par la communauté internationale pour parler et agir au nom du Yémen et de sa population. La France ne reconnait pas la prise de pouvoir des houthis et n’entretient pas de relations officielles avec ce groupe extrémiste. Le groupe armé houthi a bénéficié au cours des dernières années d’un soutien de l’Iran.

La situation née de l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 consacre malgré tout l’irruption des Houthis sur la scène internationale. Ils se distinguent comme l’un des groupes les plus violents contre Israël et leurs actions prennent une résonance mondiale. Dès le 8 octobre, le chef suprême des Houthis, Abdelmalik Al Houthi, a appelé à soutenir militairement le Hamas et le peuple palestinien, déclarant que le mouvement était prêt à « participer » à l’effort de guerre. Ils adoptent depuis une posture agressive contre Israël et ses intérêts, mais dont les effets s’étendent au-delà.

Le groupe mène des activités déstabilisatrices en mer Rouge contre des navires civils et militaires (saisines de navires, tirs de drones armés). Au-delà des intérêts israéliens, plusieurs navires commerciaux ont aussi été touchés par des missiles et drones houthis en mer Rouge. Ces actions ont conduit plusieurs pays, principalement les États-Unis mais aussi la France et le Royaume-Uni, à déployer des navires de guerre pour protéger cette voie commerciale. Le navire commercial Rubymar a coulé le 2 mars après avoir été touché par une attaque des Houthis, et ces derniers ont fait plusieurs morts en frappant le navire True Confidence le 6 mars 2024.

Le 19 février 2024, l’Union européenne a déployé une nouvelle opération maritime, EUNAVFOR ASPIDES, à laquelle la France participe. Elle est strictement défensive et vise à garantir la liberté de navigation en mer Rouge. De nombreux vecteurs Houthis ont été interceptés en mer Rouge et dans le détroit de Bab el Mandeb.

Le 11 janvier, les États-Unis et le Royaume Uni ont lancé une première série de frappes contre des positions militaires houthies au Yémen en riposte face aux attaques continuelles contre la navigation maritime en mer Rouge. Les forces américaines ont depuis lancé d’autres frappes, d’interdiction pour contraindre les houthis d’infléchir leur position. La désignation, réversible, le 17 janvier 2024 des houthis comme entité terroriste par les États-Unis est un mécanisme supplémentaire, de sanctions économiques pour les contraindre à la désescalade. Ce mécanisme est entré en vigueur le 16 février 2024.

Mise à jour : 18.06.2024

Informations complémentaires