Ministérielle des Affaires étrangères du G20 - Intervention de Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères à la chambre de l’ecosoc (25 septembre 2024)

Partager

Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,

Je remercie la présidence brésilienne du G20, et en particulier le Ministre des Affaires étrangères, Mauro Vieira, d’avoir pris l’initiative de cette réunion dans un esprit de cohésion et de coopération.

Nous célébrons cette année le 80e anniversaire des institutions de Bretton Woods et se tient, sous l’égide du Secrétaire général, le Sommet de l’Avenir. C’est un moment unique pour réaffirmer l’importance du système multilatéral, avec les Nations unies en son centre, et pour accélérer sa réforme.

Malgré ses imperfections, le système existant reste indispensable pour répondre aux crises auxquelles nous sommes confrontés. Il doit toutefois devenir plus juste et plus efficace. Les défis ne manquent pas : qu’il s’agisse de lutter contre la pauvreté, les inégalités ou encore contre le changement climatique. De nous mettre en position de répondre à des pandémies globales lorsqu’elles adviennent.

Ces ambitions que le Brésil porte dans le cadre de sa présidence du G20 et qu’il portera en prenant la présidence de la COP30, à Belém, nous les partageons.
C’est dans cet esprit que la France soutient de façon claire, historique et constante, la réforme du Conseil de sécurité, avec la conviction qu’elle nécessite un élargissement dans ses deux catégories de membres.

Nous sommes engagés depuis deux décennies pour que l’Afrique soit mieux représentée au Conseil de sécurité, y compris parmi les membres permanents. C’est une composante forte du modèle du G4, et donc du Brésil, dont nous soutenons les aspirations à un siège de membre permanent. La France a d’ailleurs été engagée pour que le G20 accueille l’Union africaine à ses réunions.

Dans ce même esprit de responsabilité, la France porte, avec le Mexique, une initiative qui ne nécessite pas de modification de la Charte et qui permettrait l’usage responsable du droit de veto, en s’engageant à ne pas recourir au veto en cas d’atrocités de masse. Je me félicite qu’un grand nombre d’Etat autour de cette table soutienne déjà notre initiative, et j’appelle tous ceux qui souhaitent faire bouger les lignes à nous rejoindre.

L’Assemblée générale doit être revitalisée pour être plus efficace. Elle doit nous aiguiller vers l’atteinte des objectifs de développement durable et le respect du droit international, du droit humanitaire et des droits de l’Homme.

Il faut aussi écouter ce qu’elle nous a déjà dit. 143 États membres de l’Assemblée générale ont affirmé leur soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine en octobre 2022. En février 2023, 141 Etats ont demandé le retrait des troupes russes d’Ukraine. Ce message est clair.

La réforme ne doit pas être limitée aux organes newyorkais. Les institutions financières internationales nécessitent aussi une réforme d’ampleur. Nous avons réussi à dégager des financements supplémentaires en provenance de toutes les ressources disponibles, publiques et privées. Nous poursuivrons cet effort, forts de la dynamique impulsée par le « Pacte de Paris pour les peuples et la planète » et à ce jour endossé par 62 Etats.

Le « 4P » a produit des résultats concrets. Je pense au déploiement de mécanismes innovants, comme par exemple des clauses de suspension du service de la dette en cas de catastrophes naturelles. Une task-force sur la fiscalité internationale, co-présidée par la France, le Kenya et la Barbade, est opérationnelle et se réunit régulièrement pour élaborer des propositions innovantes visant à rendre le système financier plus juste et équitable. Je pense aussi à notre action pour alléger la dette des pays en développement.

Précisément, les aspirations des pays en développement doivent être mieux prise en compte. Et pour cela, ils doivent être davantage représentés dans ces institutions. Nous avons enclenché un dialogue sur la révision de l’actionnariat de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement et la 17ème revue des quotes-parts du FMI.

L’Organisation mondiale du commerce doit être plus efficace pour lutter contre le protectionnisme et répondre aux nouvelles réalités. Nous partageons tous le même constat : notre système doit concilier le commerce international et la protection du climat et de la biodiversité. Alors développons ensemble des règles et des mécanismes qui feront du commerce international un accélérateur de la transition énergétique et écologique au niveau mondial.

Je terminerai ainsi : à travers son Appel à l’action, le G20 démontre qu’il aspire à faire de la réforme de la gouvernance mondiale une réalité concrète, pour une action collective efficace. C’est dans un esprit constructif que la France s’engage à contribuer à cette réforme. Contre les fragmentations, dans le respect des règles, pour le bien de nos populations.

Je vous remercie.