Présentation de l’Argentine

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Présentation du pays

ARGENTINE {JPEG}

Données générales

Nom officiel : République argentine
Nature du régime : République fédérale
Chef de l’État : M. Javier Gerardo Milei (depuis le 10 décembre 2023)

Données géographiques

Superficie : 2,7 millions km² (8ème rang mondial)
Capitale : Buenos Aires (3 millions d’habitants, 13 millions avec la grande banlieue)
Villes principales : Córdoba, district de La Matanza, Rosario, Mendoza, La Plata
Langue (s) officielle (s) : espagnol
Monnaie : peso argentin (1 euro = 1 006, 87 peso argentin)
Fête nationale : 25 mai (proclamation de l’indépendance le 25 mai 1810, définitivement acquise le 9 juillet 1816).

Données démographiques

Population : 46 0 654 581 (BM 2023)
Espérance de vie : 76 ans (BM, 2022)
Taux d’alphabétisation : 99 % (PNUD, 2023)
Religion(s) : catholicisme 62,9 %, protestantisme/évangélisme 15,3 %, judaïsme 1%, autres 1.2 %, agnostique et athée 9,2 % (enquête nationale 2019)
Indice de développement humain (PNUD 2021) : 47/191 (0,842) (2ème rang d’Amérique latine après le Chili).

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Au sortir de la crise des années 2001-2002, Nestor Kirchner (2003-2007) puis Cristina Kirchner (2007-2015) se sont attachés à redresser le pays via un modèle caractérisé par l’interventionnisme de l’Etat et une politique de réduction de la pauvreté et d’inclusion sociale permise par les redistributions de la manne agricole. Sans possibilité de se représenter, les époux Kirchner ont cédé la place à Mauricio Macri (centre-droit) en novembre 2015.

Dans un contexte économique et social fragilisé, la coalition « Frente de Todos » formée par Alberto Fernandez et C. Kirchner, est parvenue à unir la majorité du mouvement péroniste contre M. Macri. A. Fernandez a ainsi été élu président en octobre 2019. Son gouvernement a rapidement adopté une série de mesures économiques et sociales à destination des plus modestes mais cette dynamique a été entravée par la pandémie de covid-19. La crise sanitaire et le confinement strict mis en place ont exacerbé les difficultés économiques et sociales préexistantes. En août 2022, la nomination au poste de ministre de l’Économie de Sergio Massa a brièvement permis d’apaiser les inquiétudes qui pesaient sur la situation économique et politique. Toutefois, pour sa fin de mandat, A. Fernández et son gouvernement n’ont pas pu endiguer l’inflation incontrôlée et la paupérisation croissante, la situation économique et sociale de l’Argentine n’ayant eu de cesse de s’aggraver.

À l’issue d’une campagne électorale qui l’a opposé au candidat du gouvernement péroniste sortant, Sergio Massa, le « libéral-libertarien » et antisystème Javier Milei a remporté les élections présidentielles le 19 novembre 2023, avec 55,65% des suffrages. La promesse formulée par Javier Milei de modifier en profondeur le modèle économique séduit une population épuisée par des décennies de crises successives.

Javier Milei a lancé un plan d’ajustement structurel radical. Ses premières mesures chocs ont été une dévaluation massive du peso argentin et des coupes importantes dans les dépenses de l’État. Le gouvernement a adopté un vaste train de mesures de dérégulation et de libéralisation par la voie d’un « décret de nécessité et d’urgence ».

Ces premières mesures, radicales, portent de premiers fruits dans la voie de la résolution des déséquilibres structurels du pays. Tandis que les réserves de la Banque centrale se sont déjà fortement accrues, l’Argentine a atteint un excédent budgétaire net au premier trimestre pour la première fois depuis 2008. Malgré des mesures de soutien aux plus vulnérables, ce plan de stabilisation a néanmoins un effet récessif brutal et un impact social très rude, provoquant un saut inflationniste qui accélère la chute du revenu réel des Argentins. Si l’inflation tend certes depuis à décélérer, elle n’en demeure pas moins extrêmement élevée à 289% en glissement annuel en mars. Par ailleurs, l’excédent budgétaire obtenu est un trompe l’œil qui ne sera soutenable qu’avec des réformes structurelles, notamment fiscales, nécessitant un passage par la loi et la formation d’un consensus au Congrès où il ne dispose pas de la majorité.

Sur le plan social, le nouveau gouvernement a bénéficié d’une relative accalmie lors de ses quatre premiers mois de mandats. Les premières manifestations organisées à son encontre ne sont pas parvenues à mobiliser au-delà des bases les plus militantes de l’opposition péroniste.

De premiers signaux suggèrent que le gouvernement prend conscience de la nécessité de revoir sa stratégie dans un sens plus favorables aux compromis politiques. Alors que les blocages parlementaires commencent à peser sur sa feuille de route de réformes, le Président a commencé à revoir son approche : le 1er mars, il a appelé l’opposition et les gouverneurs des provinces à conclure un nouveau pacte de gouvernement. Début avril, le gouvernement a présenté un nouveau projet de loi reprenant le modèle de la loi « omnibus » rejetée en février mais en intégrant de nombreuses concessions accordées à l’opposition constructive. La réforme économique (Ley de Bases) et le paquet fiscal ont finalement été approuvés par le Congrès le 27 juin, après 6 mois de négociations. Elles constituent une étape importante dans son agenda de désengagement de l’Etat, à travers des mesures de dérégulation sectorielle, du marché du travail et du système d’investissement.

Politique étrangère

Membre de l’Alliance pour le Multilatéralisme, l’Argentine est historiquement attachée au multilatéralisme onusien et défend des positions proches du non-alignement sur les questions stratégiques et de maintien de la paix. Elle est membre du Groupe des 77 et du G20 et est très engagée en faveur du système international de promotion des droits de l’Homme.

Alors que le président Macri avait plaidé en faveur d’une « réouverture au monde » (soutien à la négociation de l’accord UE-Mercosur, candidature d’adhésion à l’OCDE), le président Fernandez a défendu tout au long de son mandat une « ouverture raisonnée » et pragmatique, marquée par un rapprochement vers l’Amérique latine et la défense des intérêts nationaux. Le gouvernement péroniste a érigé la défense des droits de l’Homme en une priorité de politique étrangère. Cependant, le sujet, intrinsèquement lié à la mémoire de la dictature militaire (1976-1983), a été fortement politisé par les kirchnéristes ces dernières années, les autorités évitant toute prise de position officielle condamnant les violations des droits de l’Homme en Chine, au Venezuela ou encore à Cuba. Sur le conflit ukrainien, de nombreux membres de la coalition péroniste sont restés perméables au « récit russe ». La politique étrangère du gouvernement Fernandez a été marquée une volonté de mener une « diplomatie d’équilibre » visant à limiter la dépendance par rapport aux Etats-Unis et à diversifier les partenariats internationaux, en particulier en direction de la Chine (adhésion aux Nouvelles routes de la soie et aux BRICS). Marquée par une idéologie tiers-mondiste et anti-libérale, la diplomatie argentine du mandat d’A. Fernandez s’est pleinement identifiée à l’affirmation du « Sud global ».

Le nouveau président argentin, J. Milei, souhaite, dans le cadre de sa politique étrangère, établir une relation privilégiée avec les États-Unis, Israël et l’ensemble des États du « monde libre ». Il a ainsi martelé que les valeurs libérales et démocratiques seraient au centre de son action internationale, un engagement qui impliquerait selon lui de cesser tout dialogue avec les États connaissant des dérives autoritaires (avec notamment en ligne de mire le Venezuela, Cuba et le Nicaragua). J. Milei semble tenir compte de l’importance des échanges économiques entre Brasilia et Buenos Aires. Néanmoins, J. Milei a formalisé son refus d’intégrer les BRICS. Il se montre par ailleurs allant sur une relance de l’adhésion à l’OCDE.

Sur la guerre en Ukraine, J. Milei a condamné sans aucune ambigüité l’invasion russe. Sur le modèle des États-Unis de Donald Trump, J. Milei a manifesté son intention de déplacer l’ambassade argentine à Jérusalem.

J. Milei accorde une primauté absolue aux enjeux économiques au détriment de la lutte contre le changement climatique. La garde rapprochée de l’ancien président libéral Macri, dont le soutien entre les deux tours a permis la victoire de Javier Milei, appelle au réalisme et plaide en faveur d’un "pragmatisme multilatéral" pour éviter une diplomatie qui s’isolerait par mépris des enjeux globaux, voire reviendrait sur des acquis sociétaux auxquels l’image de l’Argentine est désormais associée (mémoire de la dictature, genre, droit à l’avortement…).

S’agissant de l’accord UE-Mercosur, compte tenu de son tropisme libre-échangiste, il n’est pas exclu que le nouveau président argentin finisse par favoriser un tel accord. Toutefois, ses positions climato-sceptiques pourraient constituer un obstacle à la conclusion d’un traité faisant de l’accord de Paris un élément essentiel.

Situation économique

Sources : DE, DGT, FMI, INE, Banque centrale

Données économiques 2023 :
PIB : 654,9 Mds USD
PIB par habitant : 13 297 USD
Taux de chômage : 6,6%
Taux d’inflation : 211,14 %
Déficit budgétaire : -5,2 % du PIB
Dette publique : 154.5 % du PIB
Balance commerciale : -3.76 Mds USD
Exportations de la France vers l’Argentine : 882 M
Importations françaises depuis l’Argentine : 628 M

Prévisions économiques pour 2024 :
PIB : 604,3 Mds USD
PIB par habitant : 13 394 USD courants
Taux de croissance : -2,8 %
Taux de chômage : 8,0 %
Taux d’inflation : 149,4 %
Dette publique : 86,2 % du PIB
Balance commerciale : -4.29 Mds USD
Principaux partenaires : Chine, Etats Unis, Brésil, UE
Principaux fournisseurs : Chine, Etats Unis, UE (OMC)

Vingt-cinquième puissance économique mondiale et troisième d’Amérique latine (après le Brésil et le Mexique), le pays a bénéficié dans les années 2000 d’une croissance forte et stable (7,5 % en moyenne par an de 2003 à 2011) soutenue par la demande interne et les exportations de produits agricoles. La forte baisse du prix de matières premières a contribué à ralentir la croissance depuis lors, et l’Argentine a connu plusieurs années de récessions, depuis 2014, avec une forte crise en 2018 allant jusqu’à une croissance de -10% en 2020 en raison de la pandémie de covid-19.

Désireux de retrouver un accès aux marchés internationaux, le président Macri avait fait du règlement du contentieux avec les fonds spéculatifs dits « fonds vautours », une priorité, et un accord avait été trouvé en 2016 avec les quatre principaux fonds. Dans le même temps, son administration avait adopté de nombreuses mesures économiques afin de redresser le pays et de retrouver la confiance des investisseurs étrangers.

La crise économique et financière à laquelle est confrontée l’Argentine depuis 2018 a entrainé une forte dépréciation du peso argentin, en dépit des interventions de la banque centrale, sous l’effet de facteurs externes (hausse des taux de la réserve fédérale américaine), et internes (forte inflation, mauvaises récoltes qui ont limité les rentrées de devises). Pour y faire face, le gouvernement Macri avait négocié avec le FMI un programme d’aide de 56,3 Mds dollars sur une durée de 36 mois. Les mesures d’austérité votées, ainsi que la forte hausse des taux directeurs de la banque centrale ont contribué à ralentir l’activité économique et à augmenter la pauvreté. En dépit des réformes, le gouvernement Macri n’est pas parvenu à endiguer la spirale inflationniste, et les épisodes de dévaluations ainsi que ce programme ont eu pour effet d’augmenter la dette publique. La balance commerciale a cependant commencé à se redresser en 2019, alors que le déficit budgétaire a diminué.

Dès son arrivée au pouvoir fin 2019, Alberto Fernandez a fait de la restructuration de la dette argentine et de la renégociation de l’accord conclu avec le FMI sous l’administration précédente sa priorité. En août 2020, un accord a été trouvé avec les créanciers privés de l’Argentine, qui a permis de restructurer 99% de la dette de 66 milliards de dollars sous législation étrangère.
La recherche d’un accord avec le FMI pour refinancer la dette de l’Argentine et éviter ainsi le défaut de paiement, a abouti - en mars 2022 - à un accord pour un mécanisme élargi de crédit. Approuvé par le Conseil d’administration du FMI, cet accord permettait de repousser l’effort financier à la période 2026-2034 et prévoyait un objectif de réduction graduelle du déficit budgétaire primaire. Après une grave période de sécheresse début 2023 et une plongée des grands indicateurs macro-économiques (inflation continue, dérapage cambiaire du peso sur le marché parallèle), les autorités ont de nouveau obtenu un accord global avec le FMI lors du conseil d’administration qui s’est réuni fin août 2023.

Au vu de la grave crise économique que traverse l’Argentine et qui constitue le principal sujet de préoccupation des Argentins, le nouveau président argentin, J. Milei devra rapidement rétablir les grands équilibres macroéconomiques.

Avec un déficit primaire d’environ 3 % du PIB en 2023 et un service de la dette de 2,2 % en 2024, le Ministre de l’Economie a annoncé, le 12 décembre, 10 mesures ciblant la réduction drastique des dépenses et la hausse de certains postes de recettes, tout en mettant en place des mécanismes compensatoires pour les plus vulnérables. Le choc sur les finances publiques devrait être majeur, avec d’importants effets inflationnistes. A la suite de ces annonces, la Banque Centrale a communiqué les grands axes de sa nouvelle politique monétaire et cambiaire, accompagnant le plan d’ajustement du ministre de l’Économie afin de répondre à trois problématiques majeures : la surévaluation du Peso, les arriérés de paiement des entreprises importatrices argentines et l’assainissement du bilan de la Banque Centrale.

Les réactions des marchés ont été, dans l’ensemble, positives. Ces résultats favorables ont conduit à une amélioration du risque pays, signe de la confiance éprouvée par les investisseurs quant aux mesures économiques du nouveau gouvernement. De même, le FMI a réagi favorablement aux mesures en les qualifiant « d’audacieuses ». Le Fonds a réitéré son intention de poursuivre les discussions avec la nouvelle administration afin de renforcer la crédibilité du programme de mécanisme élargi de crédit dont l’Argentine bénéficie depuis mars 2022.

Pour plus d’informations, consulter le site : https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/AR

Mise à jour : 29.08.24

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