Présentation de la Birmanie
Données générales

Nom officiel : République de l’Union de Birmanie
Données géographiques
Superficie : 678 528 km²
Capitale : Nay Pyi Taw (1,2 M d’habitants)
Villes principales : Rangoun (5,8 M d’habitants), Mandalay (2,5 M d’habitants), Mawlamyine (500 000), Sittwe (200 000)
Langue officielle : birman
Monnaie : Kyat
Fête nationale : 4 janvier (anniversaire de l’indépendance en 1947)
Données démographiques
Population : 54,1 millions d’habitants (2023, Banque Mondiale)
Densité : 80,1 habitants/km2
Croissance démographique : 0,7 (2023, Banque mondiale)
Espérance de vie : 67 ans (2022, Banque mondiale)
Taux d’alphabétisation : 89 % (2019, Unesco)
Religion : bouddhisme (87,9 %), christianisme (6,2 %), islam (4,3 %), animisme (0,8 %), hindouisme (0,5 %)
Indice de développement humain : 0,585 (2021, Banque mondiale)
Politique intérieure
Après plusieurs décennies de gouvernement par une junte militaire, la Birmanie s’était engagée à l’été 2011 dans un processus de transition démocratique, initié par la mise en place d’un gouvernement civil. Ce processus s’était notamment traduit par la libération de prisonniers politiques et par l’autorisation du principal parti d’opposition, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, qui avait remporté les élections partielles de 2012 puis les élections générales de 2015. Aung San Suu Kyi cumulait ainsi depuis avril 2016 les fonctions de ministre des Affaires étrangères, ministre du Cabinet de la Présidence et Conseillère pour l’Etat. Les élections du 8 novembre 2020 ont vu la LND remporter une large victoire électorale. Le coup d’Etat du 1er février 2021 est venu interrompre ce processus de transition démocratique. La prise de pouvoir illégale de l’armée birmane a été condamnée avec la plus grande fermeté par la France et par l’Union européenne. Elle a conduit à la constitution d’un « Conseil d’administration de l’Etat » (« State Administrative Council » ou SAC), organe dirigeant de facto de la junte présidé par le commandant-en-chef des forces armées birmanes, le Senior-General Min Aung Hlaing.
En réponse au coup d’Etat, une opposition s’est structurée autour de deux institutions principales, le « Gouvernement d’unité nationale » (NUG) et le Comité représentant l’Assemblée de l’Union (Committee Representing Pyidaungsu Hluttaw ou CRPH), constitué des représentants démocratiquement élus en novembre 2020, dont le NUG est issu. Aung San Suu Kyi et le président birman depuis 2018, Win Myint, bien qu’en détention, en sont officiellement les dirigeants. Le NUG a annoncé le 5 mai 2021 la constitution de « forces de défense du peuple » (People’s Defense Forces ou PDF), qui sont engagées dans des affrontements contre l’armée birmane. Reconnue coupable de 19 chefs d’accusation par un tribunal militaire, Aung San Suu Kyi a été condamnée à une peine totale de 27 ans d’emprisonnement.
Depuis 2011, la Birmanie avait par ailleurs initié un nouveau processus de paix nationale, réunissant le gouvernement, l’armée birmane et les groupes ethniques armés dans l’objectif de mettre fin à plusieurs décennies de conflits internes. Ce processus s’était principalement traduit par la signature de l’accord de cessez-le-feu national (National Ceasefire Agreement – NCA) d’octobre 2015, conclu entre le gouvernement de l’Union de Birmanie et dix groupes ethniques armés. En dépit de la tenue d’une nouvelle Conférence sur le processus de paix (« Conférence de Panglong pour le XXIe siècle ») au mois d’août 2020, celui-ci connaissait peu d’avancées au niveau national et les combats se poursuivaient entre les forces de sécurité birmanes et plusieurs groupes ethniques armés non signataires du NCA. Le coup d’Etat du 1er février 2021 a remis en cause ces progrès, conduisant des groupes ethniques armés opposés à la junte à reprendre les armes.
Depuis l’offensive simultanée de plusieurs groupes d’opposition armés en octobre 2023, l’armée birmane a perdu du terrain et fait face à des défections massives. Elle poursuit une stratégie de bombardements de plus en plus meurtriers pour les civils et de durcissement de la loi sur la conscription étendue aux femmes. Malgré ce contexte dégradé, la junte projette d’organiser en décembre 2025 ou janvier 2026 des élections.
Politique extérieure
Depuis le coup d’Etat, la Birmanie fait néanmoins l’objet d’un isolement relatif sur la scène internationale. Faisant exception, la Russie s’est rapprochée de la junte au pouvoir, dont elle est le premier fournisseur d’armes. Min Aung Hlaing a été reçu par Vladimir Poutine en mars 2025.
La Chine reste l’un des principaux partenaires de la Birmanie. Pékin est le premier investisseur étranger en Birmanie (plus de 3Md USD d’investissements autorisés en 2021-2023) devant Singapour et la République de Corée. Ses investissements se concentrent principalement dans les infrastructures et le secteur énergétique. Les deux pays entretiennent des contacts politiques de haut niveau.
L’Inde et la Birmanie ont célébré en 2023 le 75ème anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Les échanges commerciaux, qui ont atteint 1,33 Md $ en 2023-2024.
Depuis la réouverture du pays en 2011, le Japon avait considérablement renforcé ses liens avec la Birmanie. Tokyo se positionnait comme un partenaire économique clé grâce à une politique de coopération ambitieuse menée par l’agence japonaise de coopération internationale (JICA) à travers des financements importants dans le secteur des infrastructures, de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, du développement urbain ou encore de l’énergie. Le coup d’Etat a entraîné un recul des échanges économiques bilatéraux, outre une prise de distance du Japon vis-à-vis du régime militaire au niveau politique.
La Birmanie est par ailleurs membre de l’ASEAN depuis 1997 et en a assuré la présidence en 2014, ce qui avait alors acté la normalisation de son statut au sein de l’organisation régionale. En réponse au coup d’Etat du 1er février 2021, l’ASEAN a adopté le 24 avril 2021 un « Consensus en cinq points » appelant à la cessation immédiate des violences et à un dialogue politique incluant l’ensemble des parties prenantes. Un Envoyé spécial de l’ASEAN pour la Birmanie est chargé de le mettre en œuvre. L’ASEAN a pris la décision de ne pas inviter de représentant politique birman aux sommets de l’ASEAN des 26-28 octobre 2021 et renouvelé cette décision depuis, excluant de facto de la Birmanie des sommets des chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que des réunions des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN.
Crise des Rohingyas
Près de huit ans après les violences commises à l’encontre des populations Rohingyas de l’Etat de l’Arakan (plus de 890 000 ont fui les violences en Birmanie vers le Bangladesh à partir du 25 août 2017), la communauté internationale reste très attentive à la situation humanitaire et celle des droits de l’Homme en Birmanie a fortiori alors que les forces de sécurité birmanes, responsables des exactions contre les Rohingyas, se sont emparées du pouvoir. L’intensification des combats depuis le coup d’Etat a considérablement dégradé la situation des Rohingyas.
La Mission d’établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l’Homme a souligné que des violations des droits de l’Homme relevant des qualifications de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et pouvant relever de la qualification de génocide avaient été commises en Birmanie. Cette mission, dont le mandat s’est achevé en septembre 2019, a été remplacée par un mécanisme permanent d’enquête de collecte et de conservation des preuves de crimes internationaux, opérationnel depuis le 30 août 2019.
Le 11 novembre 2019, la Gambie, avec le soutien de l’Organisation de la Coopération Islamique, a introduit une instance contre la Birmanie sur le fondement de violations de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. La CIJ a tenu en décembre 2019 des audiences publiques relatives à la demande de mesures conservatoires par la Gambie. Dans son ordonnance du 23 janvier 2020, la CIJ a reconnu que la population Rohingya demeure « extrêmement vulnérable » et indiqué quatre mesures conservatoires visant à ce que la Birmanie respecte ses obligations au regard de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, en attendant la décision définitive de la Cour sur le fond. La Cour s’est déclarée compétente pour juger de l’affaire en juillet 2022. La France, conjointement avec l’Allemagne, le Canada, le Danemark, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, a annoncé en septembre 2023 qu’elle interviendrait en interprétation de la Convention pour la prévention et la lutte du crime de génocide.
La Cour pénale internationale (CPI) s’est déclarée compétente pour juger le crime de déportation des Rohingyas au Bangladesh et, le 14 novembre 2019, la Procureure de la CPI a été autorisée à procéder à une enquête active sur les crimes présumés relevant de la compétence de la Cour qui auraient été commis contre la population Rohingya. Le 27 novembre 2024, le Procureur de la CPI a déposé une requête aux fins de délivrance d’un mandat d’arrêt contre le général Min Aung Hlaing pour les crimes présumés contre l’humanité de déportation et de persécution commis à l’encontre des Rohingyas, en partie en Birmanie et au Bangladesh.
Situation économique
PIB : 66,76 Mds USD (2023, Banque Mondiale)
PIB par habitant : 1233,2 USD (2023, Banque Mondiale)
Croissance annuelle du PIB : 1% (2023)
Taux de chômage : 3% (2023, Banque Mondiale)
Après des décennies de repli isolationniste et de sanctions internationales, une décennie de rattrapage avait permis à la Birmanie de rejoindre la tranche inférieure des pays à revenus intermédiaires en 2015 (croissance moyenne de 6,7% sur 2011-2020).
Le coup d’Etat du 1er février 2021 et la crise sanitaire ont plongé le pays dans une profonde récession, la Banque Mondiale estimant à 18,4% la contraction du PIB pour 2021. La croissance s’est rétablie à un rythme faible en 2022 (3%), avant de chuter à 1% en 2023. La demande intérieure a fortement pâti des contraintes imposées par les forces armées sur la circulation et sur l’accès à internet, ainsi que de l’effondrement du cours de la monnaie et de la hausse de l’inflation associée. Dans le même temps, la condamnation internationale du coup d’Etat a conduit à la suspension des versements des principaux bailleurs de fonds multilatéraux et fait chuter les investissements étrangers dans le pays.
En dépit de la relative stabilisation de certains pans de l’économie (agriculture et industrie), les crises sanitaire et politique que traverse la Birmanie ont porté le taux de pauvreté à près de 50% de la population en 2022, soit 12 millions de personnes supplémentaires en un an. Selon les données du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (janvier 2025), 3,5 millions de personnes sont déplacées internes en Birmanie.
Mise à jour : 7 avril 2025
Informations complémentaires
- Instantanés diplomatiques
- Documents de référence