Présentation du Royaume-Uni
Le Royaume-Uni est pour la France un partenaire incontournable tant sur le plan économique qu’en matière de défense et de politique extérieure malgré le référendum du 23 juin 2016 qui a donné la majorité aux partisans de la sortie de l’Union européenne. En Europe, le Royaume-Uni et la France partagent des caractéristiques singulières : membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, nos deux pays sont dotés de l’arme nucléaire et de forces de projection. Nos relations bilatérales se nourrissent de contacts fréquents à tous les niveaux et de sommets réguliers.
Présentation du pays
Données générales
Nom officiel : Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord
Nature du régime : Monarchie constitutionnelle. Démocratie parlementaire.
Chef de l’Etat : Charles III, Roi du Royaume-Uni (depuis le 8 septembre 2022)
Chef du gouvernement, Premier ministre : Rishi Sunak (depuis le 25 octobre 2022)
Données géographiques
Superficie : 244 820 km²
Capitale : Londres (London)
Villes principales : Londres, Birmingham, Leeds, Glasgow, Sheffield.
Langue officielle : anglais
Langue courante : anglais
Monnaie : livre sterling - symbole : £
Données démographiques
Population (2020) : 67,081 M d’habitants (estimation Office for National Statistics, ONS)
Angleterre (2020) : 56,550M d’habitants ; dont Londres : 9M (estimations ONS)
Écosse (2020) : 5,466M (estimation ONS)
Pays de Galles (2020) : 3,170M (estimation ONS)
Irlande du Nord (2020) : 1,896M (estimation ONS)
Population active (2021) : 34,743M (donnée Banque mondiale)
Densité (2020) : 270 habitants/km²
Croissance démographique : entre 0,2 et 0,3 % d’ici 2050
Religions : Deux religions d’État, anglicanisme en Angleterre et presbytérianisme en Écosse
Indice de développement humain (2019 - PNUD) : 0,932. 13e rang mondial (16 en 2016 et 28e en 2011)
Éléments d’actualité
Politique intérieure
Malgré une confortable majorité absolue aux Communes (357 sièges sur 650) obtenue lors des élections générales du 12 décembre 2019, Boris JOHNSON a vu sa légitimité de plus en plus contestée (scandales du « Partygate », crise sanitaire, crise économique et sociale) au sein du parti Conservateur, et plus généralement dans l’opinion publique britannique. La démission en masse d’une grande partie de ses ministres du 5 au 7 juillet a fini par le pousser à la démission, ouvrant une campagne de succession interne. Les Tories ont désigné Liz Truss comme leader du parti le 5 septembre, au détriment de Rishi Sunak, ancien chancelier de l’Echiquier. Nommée Première ministre le 6 septembre, Liz Truss a formé immédiatement un gouvernement composés de fidèles, excluant son adversaire Rishi Sunak et ses soutiens. Fidèle à ses promesses de campagne auprès des membres des Tories, elle a lancé, avec son Chancelier de l’échiquier Kwasi Kwarteng, un « mini-budget » comprenant des baisses d’impôts et un plan visant à limiter le coût de l’énergie pour les ménages (jusqu’à fin 2024) et pour les entreprises (durant 6 mois), pour un coût prévisionnel de 150 Mds £ devant être financé par l’emprunt. L’annonce de ce plan a plongé les marchés dans la tourmente, précipitant le limogeage du Chancelier de l’échiquier, remplacé par Jeremy Hunt. Liz Truss n’ayant pas réussi à rétablir la confiance malgré l’éviction de Kwasi Kwarteng et l’abandon des mesures du « mini-budget », elle a démissionné le 20 octobre. A l’issu d’une procédure simplifiée, son ancien rival Rishi Sunak a été désigné Leader du parti et nommé Premier ministre le 25 octobre. Sa nomination a immédiatement apaisé les marchés, cependant il aura la lourde tâche de stabiliser l’économie britannique à plus long terme, de réduire les tensions au sein du parti Tory.
Politique étrangère
Sous l’effet du Brexit, le Royaume-Uni a engagé la révision des grands axes de sa politique étrangère, mettant en avant sa souveraineté recouvrée, sous la bannière de sa stratégie dite Global Britain. Présentée le 16 mars 2021, en cours de révision depuis le fin septembre 2022, la Revue intégrée de défense et de politique extérieure repose sur la recherche d’un équilibre entre une ouverture internationale, à portée globale, et la priorité accordée à la prospérité britannique dans le contexte de la crise sanitaire et du Brexit.
Cette nouvelle trajectoire repose d’abord sur un fort investissement dans les enceintes multilatérales, comme l’a montré la double présidence britannique du G7 et de la COP 26 au cours de l’année 2021. Elle se reflète aussi dans une communication visant à justifier le Brexit depuis le référendum de 2016 en montrant qu’il n’est pas synonyme de repli et que le Royaume-Uni entend rester un acteur impliqué et influent sur la scène internationale, notamment grâce à sa prospérité économique, sa tradition de libre-échange et l’importance de son soft power.
Dans ce contexte, le Royaume-Uni s’est engagé très intensément en soutien de l’Ukraine, sur le long terme dans le domaine de l’aide militaire et de la formation mais aussi sur les sanctions dans le format G7, sans reprendre l’interdiction totale des importations de pétrole russe adoptée par l’UE. Le Royaume-Uni apparaît comme le chef de file des alliés en matière d’assistance militaire comme civile (co-organisation de la conférence des donateurs à Copenhague le 11 août). Son aide totale se monte à 4 Mds $. Il a formé 4700 militaires Ukrainiens et espère en former 10 000. Boris Johnson s’est rendu à trois reprises à Kyiv et Liz Truss comme Rishi Sunak ont symboliquement accordé leur premier entretien téléphonique à V. Zelenski.
Les relations avec l’Union européenne restent difficiles, malgré l’aboutissement le 24 décembre 2020 des négociations sur les relations futures avec l’Union. L’Accord de commerce et de coopération forme avec l’Accord de retrait la majeure partie du cadre des relations entre les deux parties depuis le 1er janvier 2021. La principale pierre d’achoppement demeure le Protocole sur l’Irlande et l’Irlande du Nord annexé à l’Accord de retrait : alors que Londres demande sa renégociation, un projet de loi visant à neutraliser unilatéralement certaines de ses dispositions essentielles (Northern Ireland Protocol Bill) a été déposé à Westminster le 13 juin 2022. Rishi Sunak comme Liz Truss, semblent cependant ouverts à une solution négociée avec l’UE. En matière de politique étrangère et de sécurité la relation se poursuit sur une base politique et informelle, par la volonté même de Londres. Le Royaume-Uni entretient des relations étroites avec plusieurs États membres.
Le Royaume-Uni demeure un allié très proche des États-Unis et des pays de « l’Anglosphère », notamment en matière de défense et de renseignement. L’alliance dite des « Five Eyes » lie depuis la Seconde guerre mondiale ses services de renseignement à ceux des États-Unis, de l’Australie, du Canada et de la Nouvelle-Zélande. Le 15 septembre 2021, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie ont par ailleurs annoncé avoir conclu un pacte de défense et de sécurité dit AUKUS. L’invasion russe de l’Ukraine le 24 février a encore renforcé l’alignement britannique sur les États-Unis.
L’alliance AUKUS s’inscrit dans la perspective du pivot vers l’Indopacifique, annoncé depuis plusieurs années et présenté comme un des axes stratégiques principaux de la diplomatie britannique post-Brexit. Si le Brexit a incité le gouvernement britannique dans un premier temps à approfondir ses relations économiques et commerciales avec la Chine, l’évolution défavorable des relations depuis 2020, notamment autour des enjeux liés à Hong Kong et à l’Ukraine, a durci la position du Royaume-Uni qui souhaite désormais proposer un « front des démocraties » face à Pékin et Moscou.
La volonté d’établir un nouveau partenariat avec l’Afrique concerne essentiellement le domaine économique et les intérêts stratégiques assumés du Royaume-Uni. Pour illustrer cette nouvelle approche, DFID et FCO ont été fusionnés en septembre 2020 : cette fusion doit permettre de lier plus étroitement les dépenses d’aide au développement et les objectifs stratégiques et économiques du pays. Cette approche, qui prévoit un renforcement des moyens financiers et humains, pourrait toutefois entrer en contradiction avec la Spending Review publiée le 25 novembre 2020 et l’International Development Strategy parue le 16 mai 2022, qui prévoient de réduire l’aide publique au développement de 0,7% à 0,5% du PIB, soit une baisse de 10 Mds£ sur l’année 2021-2022.
L’agenda Global Britain est enfin dicté par des intérêts commerciaux bilatéraux et multilatéraux ambitieux. Le gouvernement britannique cherche ainsi à conclure des accords de libre-échange, notamment avec les États-Unis et l’Inde, ainsi qu’à accéder à l’Accord de Partenariat Transpacifique (actuellement en phase finale des négociations) et à entrer en négociation avec les pays du Golfe, le Mercosur et des pays d’Afrique. Il a déjà signé des accords commerciaux de continuité avec le Japon en octobre 2020, le Canada en novembre 2020 et la Turquie en décembre 2020. Depuis sa sortie effective de l’Union européenne au 1er janvier 2021, le Royaume-Uni a conclu deux accords de libre-échange bilatéraux : avec l’Australie en décembre 2021 et avec la Nouvelle-Zélande en février 2021. Enfin, le 8 juillet 2021, le Royaume-Uni a conclu un accord de libre-échange avec la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein.
Situation économique
Le Royaume-Uni est en 2022, avec un PIB de 2 707,7Mds$, la 5e économie mondiale et la 2e économie européenne, derrière l’Allemagne et devant la France selon le FMI. Le PIB par habitant du Royaume-Uni, semblable à celui de la France, s’élève à 40 284,6$.
L’économie britannique est essentiellement portée par les services (82% du PIB). La City de Londres étant l’une des places financières majeures au monde, les services financiers et des assurances pèsent particulièrement. Le secteur industriel reste toutefois important et s’appuie sur les filières aérospatiale, chimique, pharmaceutique et automobile. Celui de l’énergie est marqué par l’exploitation du pétrole et du gaz naturel en mer du Nord. Le Royaume-Uni entend poursuivre le développement de l’énergie nucléaire, deux réacteurs EPR étant en cours de construction à Hinkley Point et deux autres étant en projet à Sizewell. Enfin, il développe depuis plusieurs années une politique ambitieuse en matière d’énergies renouvelables, en particulier dans le domaine de l’éolien maritime, qui intéresse certains États membres de l’UE : ainsi, la déclaration politique conjointe du 30 novembre 2021 s’engage à approfondir la coopération avec la Belgique en la matière.
Les perspectives économiques du Royaume-Uni restent incertaines, dans le triple contexte de la pandémie, du Brexit et de l’inflation liée à la guerre en Ukraine. La crise sanitaire a fortement affecté le pays, entraînant en 2020 la plus forte récession de son histoire contemporaine. Le gouvernement a mis en œuvre des mesures de soutien inédites, dont la création d’un dispositif de chômage partiel qui n’a pris fin que le 30 septembre 2021, qui ont contribué à creuser le déficit public (14,5% sur l’année budgétaire 2020-2021) et la dette publique, qui a atteint 97% du PIB. La croissance a repris en 2021 (+7,4%) et le taux de chômage est revenu à son niveau d’avant-crise (3,5% en août 2022, le plus bas niveau depuis 1974) mais la croissance début 2022 est ralentie (+0,8% au premier trimestre), tandis que la récession menace (-0,1% au deuxième trimestre). L’inflation atteint des niveaux inquiétants, s’établissant à 10,1% sur les prix à la consommation (6,5% hors alimentation et énergie), 54% sur l’électricité et 95,7% sur le gaz. La croissance devrait rester au mieux atone en 2023, avec un fort risque de récession.
Le climat social dans le pays est extrêmement tendu, suscitant des mouvements de grève d’ampleur inédite depuis trente ans, comme dans le secteur ferroviaire, encore loin d’être retombés. Les conditions de travail et le niveau de rémunération sont au cœur des revendications dans un contexte de crise aiguë du coût de la vie.
Mise à jour : 28.10.22
Informations complémentaires
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