Syrie : comment la France soutient la population syrienne en Syrie et dans les pays d’accueil
Afin de soutenir la population syrienne, la France a déployé plus de 455M€ d’aide humanitaire en Syrie depuis 2012. La France apporte également un soutien aux Syriens réfugiés dans les pays voisins (Liban, Jordanie, Irak, Turquie) à travers l’action de l’Agence française de développement (AFD), du Centre de crise et de soutien (CDCS), de nos contributions volontaires aux Nations Unies, de l’Aide alimentaire programmée, et de nos ambassades.
1. Aide humanitaire française en Syrie
Depuis 2012, la France a mobilisé plus de 455M€ d’aide humanitaire et de stabilisation afin de répondre aux conséquences de la guerre en Syrie. Depuis 2018, notre engagement pour la Syrie se traduit par une enveloppe annuelle d’au moins 50M€, mise en œuvre par les ONG et les Nations Unies.
L’année 2023 a été marquée par les séismes meurtriers qui ont frappé le Nord-Ouest de la Syrie les 6 et 7 février. En réponse à cette catastrophe qui a aggravé la situation humanitaire, la France a déployé une intervention d’urgence en nature (fourniture de malles médicales et de matériel de mise à l’abri) ainsi qu’une enveloppe exceptionnelle de 26M€, portant notre engagement total à 76M€ en 2023.
En 2024, la France a octroyé plus de 58M€ d’aide à la Syrie. Plus de 42,2M€ ont été mis en œuvre par des ONG syriennes, françaises et internationales via le CDCS, qui a financé 35 projets humanitaires et de stabilisation sur l’ensemble du territoire. Le CDCS intervient principalement en matière de santé, d’éducation, de relèvement précoce et sécurité alimentaire, d’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement, de fourniture d’abris et de déminage. Le CDCS mène également des actions de stabilisation visant à accompagner et renforcer la société civile syrienne via un soutien aux médias indépendants, à des projets de lutte contre l’impunité, de soutien juridique et de l’assistance aux défenseurs des droits humains.
En 2024, plus de 15M€ de contributions volontaires ont également été alloués aux agences des Nations Unies, à des organisations internationales et au mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Avant la chute du régime de Bachar Al Assad, 9,5 M€ ont été alloués au agences onusiennes œuvrant dans les zones échappant au contrôle du régime : le Fonds pour l’aide humanitaire transfrontalière du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), pour la construction d’abris digne dans le Nord-Ouest Syrien, le Programme alimentaire mondial (PAM) pour un projet pilote de chaîne de valorisation du blé dans le Nord-Ouest Syrien, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Depuis la chute du régime, 6,34M€ ont été alloués au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et au Croissant-Rouge arabe syrien (SARC) via la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Enfin, 3M€ ont été alloués à l’UNRWA pour un projet de lutte contre l’insécurité alimentaire comportant des activités de distributions alimentaires au bénéfice de réfugiés palestiniens vivant en Syrie.
Malgré le conflit, la France a conservé un ancrage dans le secteur de l’éducation, notamment à travers le lycée à programme français Charles de Gaulle de Damas, qui a poursuivi son activité. Depuis 2022, la France apporte également un soutien aux écoles chrétiennes francophones de Syrie, via le Fonds des écoles d’Orient (financé à parité par le Département et l’œuvre d’Orient).
2. Soutien aux réfugiés syriens dans les pays limitrophes (Turquie, Liban, Jordanie, Irak)
Au cours des 14 dernières années de conflit et de crise, des centaines de milliers de Syriens ont été tués ou blessés et plus de 13 millions ont été contraints de fuir leurs foyers, soit la moitié de la population d’avant-guerre. Plus de 7 millions de Syriens sont déplacés à l’intérieur du pays et plus de 6 millions vivent à l’étranger en tant que réfugiés, principalement dans les pays voisins, dont la Turquie, le Liban et la Jordanie, mais aussi en Europe et dans d’autres pays du monde.
2.1 Conférences de Bruxelles sur le soutien à l’avenir de la Syrie et de la région
Les conférences de Bruxelles constituent un rendez-vous annuel durant lequel sont annoncées les contributions des Etats à l’aide humanitaire pour la Syrie et les réfugiés syriens dans la région. Elles s’inscrivent dans la continuité du processus de réponse aux conséquences de la crise syrienne, lancé par la conférence de Londres en février 2016. Ces conférences poursuivent deux objectifs : (i) réaffirmer le soutien de la communauté internationale et de l’Union européenne à une solution politique, soutenue par les Nations Unies, au conflit syrien, (ii) renforcer et maintenir dans la durée l’aide humanitaire et le soutien aux réfugiés et aux pays hôtes.
Lors de chacune des conférences qui ont marqué ce processus, la France a annoncé des engagements financiers significatifs en soutien aux Syriens en Syrie et aux réfugiés syriens, ce qui permet à la France de figurer parmi les principaux bailleurs pour la Syrie (Core Donors Group). A l’occasion de la 8ème conférence de Bruxelles sur le soutien à l’avenir de la Syrie et de la région, qui s’est tenue en mai 2024, la France a annoncé un nouvel engagement de 300 millions d’euros.
2.2 Soutien aux réfugiés et aux communautés hôtes
La France a apporté un soutien continu au Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR) dans les pays voisins depuis le début de la crise syrienne. L’agence vient en aide aux réfugiés syriens en leur fournissant des abris, des services de protection, de l’aide d’urgence et des services éducatifs en lien avec les autres agences des Nations Unies (PAM, UNICEF). En 2023, la France a soutenu le HCR dans les pays voisins (Turquie, Irak, Jordanie, Liban) à hauteur de 10,5 M€. En 2024, ce soutien s’est élevé à 29 M€, dont 25,5 M€ au Liban, y compris à suite du conflit entre le Liban et Israël. La France finance également des projets d’assistance alimentaire nutritionnelle à destination des réfugiés syriens dans les pays limitrophes mis en place par le PAM, le CICR et des ONG. Au Liban, le CDCS finance des projets portés par des ONG internationales, françaises et locales permettant d’apporter un soutien humanitaire aux populations vulnérables, dont les réfugiés syriens et palestiniens, dans le domaine de la santé en particulier.
Le Groupe AFD est resté activement mobilisé pour le soutien aux réfugiés syriens à travers des financements destinés aux pays voisins, notamment le Liban, la Jordanie et l’Irak. Depuis 2017, date de création du fonds MINKA Moyen-Orient dédié à l’atténuation des vulnérabilités des communautés déplacées forcées par la crise syrienne et au renforcement de la résilience des pays d’accueil, l’AFD a investi 437 M€ dans des projets en soutien aux communautés hôtes (58% du total des engagements) et au bénéfice des réfugiés et déplacés forcés (42%). Les opérations financées ont principalement permis de soutenir les secteurs de l’eau et l’assainissement (53%), la santé (33%) et l’éducation (5%). Le Liban en a été le principal bénéficiaire à hauteur de 61% du total des engagements, suivi de la Jordanie et de l’Irak à 19,5% respectivement. Parmi les initiatives soutenues, plusieurs projets emblématiques ont contribué à améliorer les conditions de vie des réfugiés et des communautés d’accueil.
3. Soutien à la société civile syrienne exilée ou réfugiée dans le domaine de la culture, du patrimoine, des droits de l’homme (médias indépendants, justice transitionnelle), de l’enseignement supérieur et de la recherche
Depuis le début du conflit syrien en 2011, la France apporte un soutien en matière culturelle et éducative aux populations syriennes (scolaires, étudiants, chercheurs, artistes, acteurs culturels, journalistes) ainsi qu’aux organisations de la société civile réfugiées dans les pays voisins (Liban, Jordanie, Turquie, Irak).
3.1 Gouvernance
La France soutient des organisations basées dans la région ou en Europe tels que Syria Direct (basée en France), Etana (basée en Jordanie), Assistance Coordination Unit (basée en Turquie et disposant d’un réseau important de relais locaux), qui réalisent un travail de documentation, de cartographie, de réflexion stratégique et de plaidoyer sur la crise syrienne auprès des bailleurs et décideurs politiques. L’initiative Marianne a également permis l’accueil en France de défenseurs des droits syriens (Taher Hijazi, Noura Ghazi).
3.2 Soutien aux médias indépendants
Depuis 2011, la France soutient les journalistes et médias indépendants syriens, locaux ou exilés, tels que Radio Rozana, Radio Arta, Enab Baladi et Al Jumhuriya dans des projets axés sur la formation du personnel et la production de contenu journalistique. Depuis la chute du régime, certains de ces médias se réinstallent progressivement à Damas.
Des projets de soutien aux médias ont également été mis en œuvre par CFI (création d’un incubateur de médias à Gaziantep en Turquie). Plusieurs initiatives régionales, tel que le programme Qarib de l’AFD ou des programmes de soutien aux journalistes en exil (Voix en exil de CFI) permettent d’appuyer le travail des journalistes Syriens.
3.3 Justice transitionnelle
La France s’est pleinement mobilisée en faveur de la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes internationaux commis en Syrie. Notre action se traduit par un soutien aux organisations de défenseurs des droits, , de victimes de torture et de disparition forcée tels que Syrian Network for Human Rights, Free Syrian Lawyers Association, Syrian Justice and Accountability Center, Syrian Center for Media and Freedom of Expression, Mari for Research and Development, NoPhotoZone, Access Center for Human Rights et Mémoire créatives. Ces acteurs œuvrent à la collecte de preuves, la documentation des crimes, l’instruction de dossiers juridiques et l’accompagnement des victimes et de leurs familles.
La France soutient également les mécanismes onusiens de justice transitionnelle à hauteur notamment de 1,1M€ pour le Mécanisme indépendant et impartial pour la Syrie (IIIM, créé en 2016), soutien aux travaux de la Commission indépendante (CoI, présidée par P. Pinheiro, créée en 2011) et de l’institution pour les disparus (créée en 2024).
3.4 Etudiants et chercheurs
La France accorde des bourses aux étudiants réfugiés syriens, à travers plusieurs programmes, dont un programme spécifique « Elysée Syrie » piloté par Campus France qui a bénéficié, depuis sa création, d’un financement total d’environ 10 M€ et a accompagné près de 430 étudiants syriens sur la période 2016-2024. En janvier 2023, un événement a été organisé par le MEAE, Campus France et l’Institut du monde arabe pour valoriser le parcours des boursiers syriens en France. La grande majorité des étudiants soutenus par la France provient des pays limitrophes (Turquie, Jordanie, Liban) dans lesquels ils avaient trouvé refuge.
Les chercheurs syriens en exil sont également aidés :
- à proximité de la Syrie, par l’antenne de l’IFPO, notre principal institut de recherche en SHS au Moyen-Orient, à Amman.
- en France, et ce depuis 2017, par le biais du programme PAUSE (Programme national d’aide à l’Accueil en Urgence des Scientifiques et artistes en Exil), qui a vu le jour dans le sillage de la tragédie syrienne et qui permet à des scientifiques et à des artistes de poursuivre leur profession et leurs recherches en exil. Quelque cent chercheurs et artistes syriens ont ainsi été accueillis par notre pays toutes disciplines confondues depuis 7 ans.
3.5 Soutien au secteur culturel
Ce soutien se traduit par l’organisation d’événements mettant à l’honneur les acteurs culturels de la scène syrienne contemporaine (arts visuels, théâtre, cinéma et musique actuelle), à travers un soutien direct à ces organisations (Zukak Collectif et théâtre, Hammana Artists House ou Ettijahat au Liban, Tastakel en Turquie ou le dialogue théâtral des diasporas syriennes mis en œuvre en Jordanie) ou le financement de programmes de résidence. En 2024, la France a financé la réouverture du cinéma du camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie, en partenariat avec l’UNICEF.
3.6 Patrimoine
Jusqu’en 2011, la France entretenait une coopération dense et historique avec la Syrie dans le domaine de l’archéologie. Malgré la fermeture de son siège à Damas et son transfert à Beyrouth depuis le début du conflit, l’Institut français du Proche-Orient (IFPO) a mobilisé des moyens pour continuer à étudier les enjeux contemporains de la Syrie, en travaillant avec les diasporas syriennes, en octroyant des bourses de recherche à destination des étudiants syriens en menant une politique éditoriale et de publications dynamique.
Depuis sa création en 2017, l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit (ALIPH) a soutenu des organismes agissant à distance ou sur le terrain pour la préservation du patrimoine syrien. Certaines des actions d’ALIPH ont été mises en œuvre par des opérateurs français, à l’instar de la restauration du musée de Raqqa au Nord-Est syrien, la digitalisation des archives archéologiques de Saint Siméon et la documentation des chapiteaux sculptés du Crac des chevaliers.
Safir Salim – Hope Center :
Noura Ghazi – NoPhotoZone :
Informations complémentaires
- Instantanés diplomatiques
- Documents de référence