L’Immunothérapie pour combattre le cancer ?
Allemagne
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Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
30 avril 2019
Des chercheurs du Centre allemand de recherche sur le cancer (DKFZ), du Centre national des maladies tumorales (NCT) et du Consortium allemand pour la recherche translationnelle sur le cancer (DKTK) cherchent à utiliser le système immunitaire de l’organisme pour combattre efficacement les cellules tumorales. Leur objectif est le développement de thérapies immunitaires personnalisées.
La tâche du système immunitaire est de défendre l’organisme contre les agents pathogènes et d’éliminer les cellules endommagées. La condition préalable est toutefois que les cellules endommagées présentent des changements détectables par rapport à des cellules saines. Souvent, les cellules cancéreuses ne présentent pas les caractéristiques des cellules endommagées et elles peuvent en outre changer et se développer très rapidement. Cela leur permet de développer des stratégies d’évasion contre une réponse immunitaire en temps réel, par exemple en se rendant “invisibles” pour le système immunitaire ou en inhibant la réaction immunitaire.
Un renforcement général et non spécifique du système immunitaire n’est pas suffisant pour combattre le cancer. Les immunothérapies peuvent notamment renforcer le système immunitaire jusqu’à ce qu’il soit en capacité de détruire les cellules cancéreuses sans intervention extérieure.
L’utilisation d’inhibiteurs aux points de contrôle, c’est-à-dire d’un type d’anticorps qui cible spécifiquement les “freins” du système immunitaire, est un exemple d’approche d’immunothérapie. Ces points de contrôle sont normalement là pour empêcher une réaction excessive du système immunitaire (réactions auto-immunes) contre les cellules saines de l’organisme. Certaines tumeurs activent spécifiquement ces “points de contrôle immunitaires”, de sorte que les cellules immunitaires qui pourraient reconnaître et combattre la tumeur sont gravement affaiblies. Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires luttent contre ce processus : ils empêchent la suppression de la réponse immunitaire et provoquent ainsi une attaque plus intense de la tumeur par le système immunitaire.
Le DKFZ, le NCT et le DKTK poursuivent leur approche innovante dans la recherche en immunothérapie. Un domaine de recherche prioritaire au DKFZ est le développement de vaccins tumoraux. Les vaccins contre le cancer sont conçus pour induire une réaction contre les antigènes tumoraux. Ces protéines ou des parties de celles-ci sont inoculées avec des substances qui renforcent la réponse immunitaire (les adjuvants).On peut aussi utiliser des cellules tumorales entières qui ne peuvent plus se développer et ” déterminer ” plusieurs antigènes tumoraux possibles pour le système immunitaire. Au DKFZ, par exemple, des recherches sont menées sur une vaccination contre le cancer de la peau et le cancer du pancréas. L’utilisation de virus spéciaux pour le traitement du cancer, en particulier le glioblastome, un type de tumeur cérébrale, et la combinaison de la radiothérapie et de l’immunothérapie font également l’objet de recherches à Heidelberg et dans d’autres sites du DKTK.
Par ailleurs, la recherche fondamentale sur le système immunitaire est primordiale car c’est la seule façon de développer des approches complètement nouvelles de l’immunothérapie. Par exemple, le DKFZ étudie la fonction des cellules tueuses naturelles (cellules NK), qui peuvent détruire les cellules tumorales et véhiculer de grandes quantités de messagers favorisant l’inflammation.
Pour devenir opérationnelles, l’efficacité et, en particulier, l’innocuité de l’utilisation des immunothérapies devront faire l’objet de recherches plus poussées. Une forte activation du système immunitaire présente en effet le danger que ces cellules immunitaires s’attaquent à leur propre corps. Les conséquences sont des réactions auto-immunes telles que des éruptions cutanées, mais aussi des inflammations de la glande thyroïde, du foie, des poumons ou des intestins de gravité variable, qui peuvent, le cas échéant mettre la vie des patients en danger.
Le BMBF (ministère de la recherche et de l’éducation allemand) fournit un financement institutionnel à des institutions de recherche non universitaires dans le domaine de la recherche sur le cancer telles que le Centre allemand de recherche sur le cancer (DKFZ), le Centre national des maladies tumorales (NCT) et le Consortium allemand pour la recherche translationnelle sur le cancer (DKTK). En 2019, plus de 200 millions d’euros seront mis à disposition pour la recherche sur le cancer.
Source : Newsletter du BMBF https://www.gesundheitsforschung-bmbf.de/de/immuntherapie-kann-das-immunsystem-krebs-bekampfen-7033.php?utm_source=hootsuite
Rédaction : Marie de Chalup, Service pour la science et la technologie, Ambassade de France à Berlin