Bilan de la réunion annuelle du groupe intergouvernemental pour l’observation de la Terre et Ministérielle GEO en Australie

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Australie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
31 janvier 2020

Le Groupe pour l’Observation de la Terre a organisé un programme complet d’événements consacrés au développement des moyens d’observation de la Terre et de leur utilisation pour le bénéfice de tous. Ce programme a été monté la semaine du 4 au 9 novembre à Canberra et a été marqué par le succès des programmes européens pour GEO (Copernicus, European Open Science Cloud, e-shape), les annonces de partage de données satellitaires de la délégation chinoise, et les interventions françaises au cours de la semaine qui ont permis de défendre nos initiatives et nos actions en particulier dans le Pacifique et sur le changement climatique.

1. Le Group on Earth Observation

Le Groupe pour l’observation de la Terre (GEO – Group on Earth Observation) est une organisation intergouvernementale dont l’objectif est d’améliorer la disponibilité, l’accès et l’utilisation des données d’observation de la Terre dans l’intérêt de l’humanité. GEO s’emploie à améliorer et à coordonner activement les systèmes mondiaux d’observation et à promouvoir un partage large et ouvert des données. Il regroupe 108 Etats membres, et plus de 130 organisations/agences participantes, et rassemble des institutions gouvernementales, des universités et instituts de recherche, des fournisseurs de données, des entreprises, des ingénieurs, des scientifiques et des experts afin de créer un système de systèmes mondiaux d’observation de la Terre (le GEOSS – Global Earth Observation System of Systems).

Tous les ans, l’organe décisionnel du GEO, composé de représentants des gouvernements membres et des organisations participantes, se réunit en réunion plénière ; et tous les 4 ans, les ministres des gouvernements membres se réunissent lors d’une ministérielle pour définir le mandat politique et la direction stratégique globale du groupe. Ces réunions s’articulent autour d’un programme complet de travail et de promotion sur les activités du secteur lors d’une semaine annuelle du Groupe intergouvernemental : la GEO Week.

2. Contexte de la GEO Week 2019

Cette année, l’Australie a organisé pour la première fois, des manifestations consacrées à l’industrie (l’industry track) et des événements dédiés aux besoins et capacités du Pacifique dans le secteur (le Pacific stream), en plus de la réunion plénière annuelle, et de la réunion ministérielle, autour du thème général « L’intégration des données d’observation de la Terre dans les économies numériques », l’objectif étant d’améliorer la disponibilité, l’accès et l’utilisation des données d’observation de la Terre par le secteur privé, à des fins socio-économiques.

Plus de 1500 représentants de 57 pays se sont réunis pour un programme complet d’événements centrés sur la coopération dans le secteur. La France était représentée par une large délégation de près de trente personnes, dont six participants de Nouvelle-Calédonie, des représentants des ministères de l’Enseignement Supérieur, la Recherche et l’Innovation et de la Transition Ecologique et Solidaire, ainsi que des organisations de recherche et des entreprises.

3. Evénements parallèles et participation de la France (4-5 novembre)

La semaine a débuté avec deux jours d’événements parallèles en marge des réunions formelles. Ces deux jours comprenaient de nombreux événements auxquels la France a participé. Ainsi, Mines ParisTech a eu l’occasion de présenter ses activités au sein de l’EuroGEO à plusieurs occasions, le Space Climate Observatory (porté par le CNES avec plus d’une vingtaine de partenaires) a été présenté par l’IRD, et Mercator Ocean International a présenté son programme sur l’environnement marin.

Le 4 novembre, l’Ambassade de France à Canberra a reçu la délégation française, le secrétariat de GEO, la Commission européenne, les pays signataires de l’accord sur le Space Climate Observatory et les partenaires du projet e-shape coordonné par MINES ParisTech dans le cadre d’une réception. Le discours de SE Christophe Penot, Ambassadeur de France, a souligné les priorités pour la France, notamment la présence de la France dans le Pacifique et l’importance des missions de l’observatoire spatial du climat.

4. L’industry track (5-7 novembre)

Un programme d’échange entre la communauté GEO et les organisations privées a été organisé. Les discussions ont porté sur l’articulation des rôles entre citoyens, gouvernements, secteur privé, et organisations intergouvernementales, mais aussi sur les besoins des utilisateurs, et les obstacles et les solutions pour développer le secteur. Les entreprises françaises étaient représentées par Airbus et Mercator.

GEO et Google ont lancé un nouveau programme pour le développement de l’observation de la Terre : le programme GEO-Google Earth Engine (GEE) vise à soutenir les membres et les partenaires du GEO en les aidant à combler le fossé entre la science et les applications, afin de produire des produits et services concrets qui engagent les utilisateurs finaux et les décideurs.

5. Le Pacific stream (4-7 novembre)

Un programme spécifique autour de systèmes d’observation de la Terre pour la région Pacifique a été monté lors de cette GEO Week. Ce programme comprenait des discussions sur les enjeux techniques et de gouvernance, mais aussi des présentations des initiatives et capacités locales.

Premier membre de la région des îles du Pacifique, le Tonga a intégré GEO, en insistant sur la vulnérabilité des pays et territoires insulaires du Pacifique à l’impact du changement climatique, ainsi que sur l’importance de l’accès et de la coordination des données d’observation de la Terre pour l’environnement, la sécurité alimentaire et la prévention des catastrophes.

L’Australie s’est positionnée pour promouvoir sa technologie Data Cube qu’elle souhaite faire adopter par la région Pacifique. Une analyse détaillée des besoins de la région menée par le SPC (South Pacific Community), a été annoncée lors de la GEO Week. Cette analyse devrait conduire à un plan d’action pour la mise en place de la plateforme de données d’observation de la Terre dans la région afin qu’elle fournisse des informations pertinentes à la prise de décision.

Menée par le Délégué pour la Nouvelle-Calédonie en Australie, M. Yves Lafoy, la Nouvelle-Calédonie a été impliquée dans les séquences clés du Pacific Stream, ce qui a permis de mettre en valeur ses capacités scientifiques et techniques en matière d’observation de la Terre (entreprise innovante BlueCham, start-up Insight (CIPAC) et DTSI). Ces sessions ont également permis de contribuer à la définition du projet d’analyse des besoins de la région menée par le SPC et au soutien du projet de plateforme dédiée au Pacifique dans le cadre de l’initiative « Territoires d’Innovation » du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

En parallèle du Pacific Stream, l’ambassade de France a organisé une réunion entre les représentants de Nouvelle-Calédonie et le CSIRO australien pour identifier des pistes de collaborations scientifiques. Un projet de mise en commun des expertises en observation de la Terre de BlueCham et en modélisation des récifs coralliens du CSIRO est en cours de définition pour l’étude et la préservation des récifs coralliens du Parc naturel de la Mer de Corail.

6. La plénière (6-7 novembre)

La réunion plénière s’est déroulée sur deux jours autour de 6 axes : actions sur le changement climatique, sur la réduction des risques liés aux catastrophes naturelles, sur le développement durable, élargissement de l’impact de l’observation de la Terre et du GEO, mise en œuvre d’un GEOSS axé sur les résultats, et exécution du plan stratégique : le programme de travail du GEO.

Les points marquants de cette plénière sont d’une part le succès des programmes européens pour GEO, et d’autre part les annonces de la délégation chinoise. En effet les importantes actions mises en œuvre par les membres, et notamment par la commission européenne avec les programmes Copernicus, European Open Science Cloud, et e-shape, ont été relevées dans de nombreux domaines. Et lors de l’ouverture de la plénière, la Chine, en tant que coprésidente principale du GEO 2020, a fait une annonce sur le partage ouvert des données de certains de ses satellites. Côté français, l’observatoire spatial du climat porté par le CNES devient une activité intégrée dans le programme de travail 2020-2022 du GEO.

7. La ministérielle (8 novembre)

Accueilli par Matthew Canavan, Ministre des Ressources et de l’Australie du Nord, le sommet Ministériel de la semaine GEO a réuni plus de 13 ministres et ministres délégués et 15 ambassadeurs pour discuter du besoin urgent d’intégrer les observations de la Terre dans un monde en rapide mutation.

Les ministres ont approuvé à l’unanimité la Déclaration de Canberra, qui rappelle le rôle du GEO de développer un système global d’observation de la terre pour guider les décisions et actions au bénéfice de l’humanité. Elle souligne que les données d’observation de la Terre jouent un rôle important pour promouvoir un développement économique et social durable avec des applications dans de nombreux secteurs et encourage GEO à un engagement accru auprès du secteur privé. Elle invite les nations insulaires, en particulier du Pacifique, à rejoindre le groupe et reconnaît les capacités et besoins spécifiques qu’elles peuvent apporter. Elle propose au GEO d’élaborer une stratégie pour relever le défi de la collecte et du partage des données in situ, au niveau régional, national, et infranational, jusqu’au niveau de la communauté ou de l’entreprise. Enfin, la déclaration se conclut sur le programme de travail 2020-2022 et sur la prochaine ministérielle dans 4 ans.

La France représentée par la première conseillère de l’ambassade de France en Australie, Mme Julie Duhaut-Bedos, a axé sa déclaration sur l’importance de l’action contre le changement climatique. Elle a mis en avant le rôle de l’observatoire spatial du climat (SCO) qui renforce notre connaissance du climat au niveau national et local. Elle a également souligné la présence de la France dans le Pacifique et a exprimé son soutien pour articuler le projet de plateforme dédiée à la région Pacifique dans une stratégie d’intégration régionale.

L’adoption de la déclaration ministérielle a été saluée par tous et le vice-président du comité exécutif de GEO a invité les membres à rendre vivante cette déclaration, qui doit insuffler un esprit GEO et inspirer les actions et le programme de travail de GEO au niveau global, régional et national.

Consulter le site officiel australien