Coopération scientifique France-Australie - janvier-avril 2024

FAR into the Future of Health

Les 26, 27 et 28 mars 2024 a eu lieu le “FAR into the Future of Health”, organisé par l’Association franco-australienne pour la recherche et l’innovation (AFRAN) en partenariat avec l’université de Melbourne, l’université de RMIT et Sanofi. Cet événement a mis l’accent sur le développement de liens de recherche dans la région indopacifique et sur l’approche « une seule santé ».
L’événement de trois jours a été organisé avec le soutien financier et en partenariat avec Sanofi et l’Ambassade de France en Australie et a donné lieu à de nombreuses discussions autour des thématiques suivantes :

• Santé animale et biosécurité : migration des espèces, développement de la résistance antimicrobienne et zoonoses,
• Maladies infectieuses : maladies émergentes, résistance antimicrobienne et préparation aux prochaines pandémies,
• L’innovation en santé : en particulier santé publique, vieillissement et maladies non transmissibles,
• L’intelligence artificielle en médecine : transparence des algorithmes, éthique, rôle de l’IA du diagnostic au traitement,
• Un système de soin durable : impact des systèmes de soin sur l’environnement, santé digitale (télémédecine par exemple)

Une session industrielle a permis à un certain nombre d’entreprises de présenter leurs activités et leurs produits et services, mais aussi de discuter du passage difficile de la recherche à la commercialisation dans le secteur très contraignant de la pharmacologie et de la biotechnologie.

Enfin, l’événement a été l’occasion d’une réunion stratégique ayant pour objectif de développer de nouvelles collaborations et de soutenir la recherche, l’innovation et les coopérations face aux défis sanitaires de la région. Cette réunion a réuni de nombreux partenaires régionaux du milieu académique, industriel et politique. Trois enjeux majeurs ont été identifiés :

• Soutien à l’expérience industrielle et lien recherche-industrie : des programmes existent en France (VIE, Programme Baudin, CIFRE) et de façon plus marginale en Australie (National Industry PhD Program, initiatives au niveau des universités). Des financements pour soutenir la création d’entreprises sont disponibles dans les deux pays mais les universités australiennes posent le problème de la propriété intellectuelle lors de la commercialisation de leurs travaux de recherche.
• Soutien aux projets de recherche et d’innovation conjoints : la France et l’Australie disposent de multiples outils de financements ouverts à l’international (pour la France, Horizon Europe, PHC, Fonds Pacifique, Inter-reg, pour l’Australie, Australian Awards Scholarships, programmes d’échanges du NHRMC, ainsi que des initiatives au niveau des universités/instituts de santé). Les problématiques identifiées sur ces champs sont l’absence de financements conjoints et le manque de connaissances sur les opportunités accessibles aux autres pays.
• Politique et décision publique : les discussions ont porté sur le partage de données de santé et l’intérêt d’actions coordonnées dans la région indopacifique, en particulier pour le renforcement de capacités (formation, infrastructures). Les freins rencontrés sont le manque d’engagement des industries et des gouvernements dans les pays en développement et la difficulté d’identifier les bons interlocuteurs.

Programmes de financement FASIC

Le programme PHC FASIC a pour objectif de développer les échanges d’excellence académiques, scientifiques et technologiques entre les laboratoires français et australiens, en encourageant de nouvelles coopérations et la participation de jeunes chercheurs.
Ce programme est mis en œuvre selon deux volets :

• Le volet FASIC Atelier soutient l’organisation d’ateliers scientifiques bilatéraux, conçus conjointement par des groupes de recherche français et australiens sur des thématiques d’intérêt stratégique pour l’avenir de la coopération.
• Le volet FASIC Enseignant-chercheur/Chercheur/Post-Doctorant/Doctorant (ou FASIC ECPD) soutient la mobilité des universitaires, chercheurs, post-doctorants ou doctorants affiliés en France, DOM et COM inclus ou en Australie pour une collaboration de recherche conjointe ou un projet d’enseignement.

Cette année, trois ateliers ont été sélectionnés, deux en sciences de l’ingénieur, sur les matériaux pour l’économie circulaire, avec l’INSA de Lyon et l’université de Deakin et sur la simulation pour les technologies de l’hydrogène, avec le CERFAC et l’université de Melbourne ; et un en didactique des langues sur les nouvelles technologies d’apprentissage des langues en Océanie, avec l’université d’Aix-Marseille et l’université de Flinders.

Parmi les lauréats du volet FASIC ECPD, la moitié sont en sciences fondamentales. Quatre projets concernent les mathématiques (problèmes d’optimisation ou de résolution d’équations), trois la physique (physique des matériaux et origines des ondes gravitationnelles) et quatre la science de la Terre (espèces invasives, récifs coralliens, géologie, impact du changement climatique sur les poissons ). Quatre projets en santé ont également été sélectionnés, allant de l’étude des inflammations, à celle des neurones intestinaux, des performances sportives à la cardiologie prénatale. En sciences sociales et humaines, des études comparatives seront menées sur la gestion des milieux marins et sur l’influence des traumatismes liés au genre et à la sexualité sur les addictions. Concernant les projets en sciences de l’ingénieur, deux études concerneront les matériaux et une s’intéressera à l’utilisation de microalgues pour le traitement des effluents et des eaux usées. Enfin, un projet en agriculture sur la culture de la moutarde indienne et un projet en science de l’information sur la mécanique des structures seront également financés par le programme. Parmi les organismes de recherche participantes, on trouve le CNRS, l’INSERM, l’université de Lille, de Montpelliers, de Sorbonnes, de Paris Cité, de Nantes, l’Institut des sports et l’Observatoire de la Côte d’Azur côté français et les universités australiennes du Victoria (université de Melbourne, de Deakin, de Swinburne, de RMIT et Victoria University), de Nouvelle Galles du Sud (UNSW, université de Sydney), ainsi que l’université de Flinders (Australie du Sud), de Tasmanie (Tasmanie), de Curtin (Australie Occidentale), de Griffith (Queensland) et l’université nationale australienne (ACT).
Ce programme sera ouvert à de nouvelles candidatures en septembre 2024 pour des financer des missions en 2025.
fasic

Programme Fonds Pacifique

Le Secrétariat Permanent du Pacifique lance deux fois par an un appel à projets pour soutenir des projets qui contribueront à l’intégration régionale des communautés françaises (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis et Futuna) et développeront la coopération régionale avec les États océaniens.
Une attention particulière est portée :

• Aux projets permettant aux communautés françaises de lutter contre le changement climatique et de prévenir des risques de catastrophes.
• Aux projets économiques mettant en œuvre les compétences et les savoir-faire des communautés françaises ou les valorisant et contribuant au renforcement des échanges économiques au niveau régional.
• Aux projets sur la sécurité sanitaire (lutte contre les maladies endémiques, non transmissibles ou à transmission vectorielle) ou la sécurité alimentaire (gestion des ressources halieutiques…).

Suite au premier appel pour 2024, cinq projets ont été sélectionnés.

• Le projet GaHel-NC porte sur l’étude des données de prévalence de gale et de géohelminthiases en Nouvelle Calédonie et propose l’organisation d’ateliers de formation. Ce projet implique un réseau de partenaires diversifié, avec de nombreuses agences de santé néo-calédoniennes (Direction des Affaires Sanitaires et Sociales, Agence Sanitaire et Sociale, Centre Hospitalier Territorial Gaston-Bourret, Institut Pasteur), et une collecte de données en Nouvelle Calédonie.

• Un projet d’analyse pour les filières aquacoles permettra l’étude de la disponibilité et de la qualité nutritionnelle des ressources locales et régionales pour soutenir les filières aquacoles en Nouvelle Calédonie, pour un développement durable et résilient. Ce projet, en partenariat avec Ifremer, Adecal et SOPAC, 3 acteurs clés de la filière aquacole néo-calédonienne, propose l’organisation d’ateliers de formation sur l’économie circulaire, la résilience du système alimentaire, ainsi que des tests sur la nutrition de la crevette bleue (en labo, en pilote puis en industrie).

• Un projet sur l’étude des bénéfices et risques potentiels des outils numériques pour la santé et le bien-être des jeunes prévoit le développement d’ateliers en partenariat avec les collèges, la participation des élèves à ces ateliers et l’implication des jeunes intéressés. Ce projet s’intéresse au bien-être des adolescents du Pacifique, dont la Nouvelle Calédonie, et s’appuie sur les réseaux sociaux et de recherche déjà existants (Australia Pacific Youth, FALAH et PIURN).

• Le projet ReCoVeR (Renforcer la Conservation Récifale dans le Pacifique Sud via l’identification des coraux adaptés au stress thermique) devrait permettre l’étude du potentiel d’adaptation des coraux au changement climatique via l’analyses génomiques des marqueurs de résistance des coraux au stress thermique afin de caractériser les zones à fort potentiel de résistance et d’éclairer les décisions de zones à protéger. Ce projet implique un large consortium de partenaires (IRD, Université de Nouvelle Calédonie, UMR Entropie, AIMS, Southern Cross University, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) et permet des comparaisons entre Parc Naturel Mer de Corail de Nouvelle Calédonie et d’Australie.

• Enfin, un projet d’organisation d’un festival de bateau en bois prévoit des ateliers sur la construction artisanale de bateaux en bois mais également des activités artistiques, et la redécouverte des techniques de navigation anciennes. Ce projet culturel impliquant en particulier le Pacifique devrait permettre de nombreux échanges scientifiques, artistiques et culturels dans la région.
• Le prochain appel à projets devrait ouvrir en juin 2024.