Rapport sur la possibilité d’une production d’énergie nucléaire en Australie
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Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
17 avril 2020
Le rapport d’étude sur les conditions préalables d’une production d’énergie nucléaire en Australie a été édité en décembre 2019 par le comité sur l’environnement et l’énergie de la chambre des représentants.
Ce rapport s’est particulièrement intéressé à la gestion et au stockage des déchets nucléaires, à la santé et la sureté de la société, à l’impact environnemental, à l’accessibilité financière et la fiabilité de la production énergétique, à la faisabilité économique, à l’acceptabilité par la société, aux compétences de la main d’œuvre nécessaire, aux implications en termes de sécurité, et aux autres enjeux relevant de l’énergie nucléaire.
Trois recommandations ont été établies dans ce rapport :
1. Le gouvernement australien devrait prendre en considération l’énergie nucléaire dans son mix énergétique futur.
- En mettant la priorité sur les énergies à la fois fiables et abordables, mais aussi propres en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
- Avec une stratégie de développement de l’industrie nucléaire incluant la collaboration et la transmission de technologies de partenaires internationaux, le développement d’une compétence nationale, et l’acquisition de réacteurs nucléaires ayant fait leurs preuves.
- En adoptant une approche globale de développement des technologies nucléaires incluant la production d’électricité, mais aussi tout le cycle du combustible nucléaire, ainsi que les applications médicales, alimentaires, agricoles, environnementales.
- En impliquant la société sur cet enjeu, avec des principes de transparence sur les questions nucléaires, de bipartisme pour les politiques publiques importantes et de coopération avec les Etats et les juridictions locales.
2. Le gouvernement australien devrait entreprendre un ensemble d’actions pour faire progresser la compréhension de la technologie de l’énergie nucléaire :
- Charger l’ANSTO (Organisation Australienne de Sciences et Technologies Nucléaires) ou un autre organisme expert de l’évaluation technologique des différents réacteurs existants, en particulier la faisabilité et la pertinence des petits réacteurs modulaires de génération III+ et IV dans le contexte australien.
- Charger la commission Productivité ou un autre organisme expert de l’évaluation économique de la production d’énergie nucléaire.
- Charger l’ARPANSA (Agence Australienne pour la Protection contre les Radiation et la Sûreté Nucléaire) ou un autre organisme expert de l’identification des conditions nécessaires concernant la gestion des déchets, la santé et la sécurité, les compétences de la main d’œuvre, la sûreté nationale, et les enjeux de gouvernance.
- Charger un organisme expert de la communication avec la société civile, de son information et de son éducation, ainsi que du recueil de ses interrogations et points de vue.
3. Le gouvernement australien devrait considérer l’intégration partielle et conditionnelle des technologies d’énergie nucléaire
- En maintenant son moratoire sur les technologies de génération I, II et III.
- En levant son moratoire sur les technologies de génération III+ et IV, incluant les petits réacteurs modulaires, après que ces technologies aient fait l’objet d’une évaluation technique, et à condition qu’elles aient acquis l’approbation de la société.
- Enfin, le comité recommande que le gouvernement australien s’engage à respecter la volonté de la population en imposant une condition d’approbation préalable à la mise en place de tout site de production d’énergie nucléaire ou d’enfouissement de la part des populations locales impactées. Cette approbation devrait être obtenue à la suite de vastes consultations auprès des résidents locaux, y compris les peuples aborigènes.
Avec 60% de sa production d’électricité à partir du charbon, 20% à partir du gaz naturel et 15% d’énergie renouvelable, l’Australie voit le prix de son électricité monter, tandis que la forte pénétration des énergies renouvelables dans son réseau électrique en affaiblit la fiabilité. Afin d’assurer une production électrique sûre et abordable, le pays doit équilibrer ses investissements entre énergies intermittentes (dont l’intégration au réseau est complexe et nécessite des infrastructures spécifiques) et une source de production fiable pour faire le relai. L’énergie nucléaire pourrait être ce relai, et permettrait une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’une grande flexibilité pour répondre aux variations de la demande. De nombreuses opportunités de collaboration avec la France pourrait voir le jour si l’Australie intègre l’énergie nucléaire dans son mix.
Cependant, si les technologies du nucléaire sont matures, et leurs risques associés bien évalués, il faut adapter le développement et l’intégration d’une industrie nucléaire au contexte australien. Ainsi, une étude des technologies sur l’ensemble du cycle du combustible, déchets compris, mais aussi une étude de l’économie, de la sûreté pour l’environnement et pour l’humain, et de l’adoption par la société à cette industrie, sont nécessaires afin d’en tirer les bénéfices recherchés. L’implication de la société est un volet important de ce rapport qui insiste sur l’importance d’une bonne communication avec les différentes communautés du pays afin que celles-ci soient informées et écoutées, et que la décision finale leur revienne. C’est d’ailleurs ce qui a motivée le titre de ce rapport : « pas sans votre consentement ».