Mieux comprendre le développement des maladies non transmissibles : projet de recherche européen coordonné par l’Université de Médecine de Vienne

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Autriche | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
27 mai 2024

Le service scientifique et universitaire a rencontré le chercheur autrichien Thomas Vogl, chercheur en biomédecine, directeur d’un groupe de recherche alliant la biomédecine et la science des données au Centre de recherche sur le cancer de l’Université de médecine de Vienne, et coordinateur du nouveau projet de recherche européen « ID-DarkMatter-NCD ».

Un projet de recherche européen : comprendre l’influence des maladies infectieuses pour le développement de maladies non transmissibles (MNT)

Depuis janvier 2024, l’Université médicale de Vienne coordonne le projet de recherche international « ID-DarkMatter-NCD » (Démêler la matière noire des maladies infectieuses et des facteurs environnementaux et génétiques qui font pencher la balance vers les maladies non transmissibles), doté d’un financement total de 8,4 millions d’euros et issu du programme-cadre pour la recherche et l’innovation Horizon Europe. Douze partenaires européens composent ce consortium, dont Sorbonne Université et l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). Le projet prendra fin en 2028.

Ce projet de recherche a pour objectif de mettre en lumière les facteurs environnementaux (infectieux) et génétiques qui influencent le développement des maladies non-transmissibles (MNT) et permettent d’identifier, par conséquent, les maladies infectieuses qui déclencheraient des MNT. Ce projet de recherche s’applique ainsi, à titre d’exemple, à comprendre le développement d’un COVID dit long. Pour le cas de cette maladie, le déclencheur est l’infection par le SARS-CoV-2. Pour d’autres maladies non-transmissibles, comme la sclérose en plaque, il reste encore à identifier les facteurs infectieux qui peuvent influencer son développement. Thomas Vogl nous explique ainsi qu’il existe une sorte de « matière noire » à analyser pour mieux comprendre le développement d’une maladie non-transmissible à la suite d’une exposition à une maladie infectieuse.

Ce consortium permet ainsi de mener une recherche avec des experts en maladies non-transmissibles, des immunologistes, des scientifiques experts des données de toute l’Europe. Parmi les partenaires européens, le chercheur français, membre du consortium, Harry Sokol, professeur en gastro-entérologie à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP/Fédération hospitalo-universitaire IMPEC/Sorbonne Université) et enseignant à la faculté de Médecine de Sorbonne Université, est spécialiste majeur du microbiote intestinal (auteur de l’ouvrage : Les extraordinaires pouvoirs du ventre, éd. De Boeck Supérieur, 2022). Ce projet de recherche permet aux chercheurs d’analyser une grande quantité d’échantillon, en disposant d’un groupe très important de patients répartis entre les partenaires soit plus de 6000 patients répartis entre la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche et la Suède.

Comprendre le fonctionnement du microbiote intestinal

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Thomas Vogl @Feelimage/ Matern

Ce projet s’intègre pleinement dans les travaux du chercheur autrichien. Les travaux de Thomas Vogl qu’il mène au sein de son laboratoire à Vienne consistent à comprendre la manière dont le corps humain reconnait les différents micro-organismes qui constituent le microbiote. Ces micro-organismes sont très présents dans notre corps : ils sont aussi nombreux que les cellules humaines. « Ils influencent énormément d’aspects de la santé humaine : la manière dont on digère la nourriture, la manière de réagir à un traitement anticancer », comme le précise Thomas Vogl, en ajoutant « que des micro-organismes peuvent être utiles, mais également nuisibles ».

Dans l’organisme, il existe différents microbiotes : au niveau de la peau, de la bouche ou encore dans les poumons. On estime qu’il existe plus de 100 000 structures possibles de micro-organismes et représentent environ 220 grammes dans le corps humain. Le microbiote intestinal est le plus « peuplé » d’entre eux. Il est principalement localisé dans l’intestin grêle et le côlon. Cependant, au-delà de la connaissance des différents types de microbiotes, la manière dont le système immunitaire fait la différence entre les micro-organismes utiles et les micro-organismes nuisibles demeure encore inconnue. L’objectif des recherches de Thomas Vogl est donc de comprendre la manière dont les micro-organismes interagissent dans le système immunitaire. À cette fin, il combine la biologie expérimentale (tests immunologiques à haut débit effectués par des robots pipeteurs) et l’intelligence artificielle (apprentissage automatique, science des données) pour une analyse plus rapide. Le chercheur Vogl met en place une méthode unique appelée PhIP-Seq (Phage Display Immunoprecipitation Sequencing) pour étudier les anticorps humains à une profondeur sans précédent et rapidement, à partir d’échantillons de sang de patients, à l’aide de nouvelles méthodes à haut débit et de robots de manipulation de liquides automatisés, mise au point lors de son séjour à l’Institut Weizmann en Israël.

Contrairement aux autres groupes de recherche qui travaillent sur les anticorps et cellules en les isolant, le laboratoire du chercheur Vogl permet de savoir la manière dont les micro-organismes se comportent et interagissent entre eux. Une meilleure compréhension de l’interaction complexe entre le microbiote intestinal et le système immunitaire permettrait ainsi d’améliorer à la fois la prévention de maladies et les thérapies.

Pour en savoir plus sur Thomas Vogl :

A la suite d’études en biologie moléculaire à l’Université de Graz au sein de laquelle il a obtenu un doctorat en sciences biomédicales moléculaires. Il est également le lauréat de nombreux prix scientifiques : bourse Schrödringer du Fonds autrichien pour la science (FWF), bourse « Starting Grant » du Conseil européen de la recherche (2023), Prix Elisabeth Lutz (2024). Depuis 2024, il est également membre de la Jeune Académie autrichienne des sciences.

Rédactrice : Emeline Ogereau, emeline.ogereau[at]diplomatie.gouv.fr - http:/at.ambafrance.org