Retour sur l’événement "Les rendez-vous du numérique" : regards croisés entre la France et l’Autriche

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Autriche

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21 mai 2021

En novembre 2020, l’Institut Français d’Autriche avait lancé l’initiative "Les rendez-vous du numérique" dans le cadre de la quatrième édition de l’opération "Novembre numérique" de l’Institut Français de Paris. Cette opération, organisée chaque année depuis 2017 par l’Institut français et le réseau culturel français à l’étranger, a pour but d’interroger la place du numérique dans nos sociétés, de former aux nouveaux usages, d’accompagner la transformation numérique de l’action culturelle et de faire découvrir la richesse et la diversité de la création numérique.

En 2019, la France et l’Autriche ont été les premiers États européens à instaurer une taxe sur les géants du numérique, faisant des deux pays des pionniers dans ce domaine. Les deux pays sont également en pointe en ce qui concerne les recherches sur l’humanisme numérique. En témoigne la création d’une Fondation pour l’humanisme numérique soutenue par la Métropole du Grand Nancy et hébergée par l’Académie des sciences morales et politiques à l’Institut de France, et l’objectif de la ville de Vienne de devenir le centre européen du numérique. Avec le Fonds viennois pour la science et la technologie (WWTF) et en coopération avec l’Université technique de Vienne, la ville de Vienne a en effet fait du concept d’Humanisme numérique un sujet phare de la recherche dans les années à venir.

Dans un contexte de crise sanitaire, le déploiement des objets et usages numériques du quotidien s’est accru de manière significative, accélérant ainsi le mouvement de l’adaptation de nos sociétés au numérique. Pourtant, l’inverse serait nécessaire. Ne serait-il pas temps, aujourd’hui, d’adapter le numérique à l’humain ? Droit à l’oubli numérique, protection des données, droits humains en ligne, cybersécurité, rémunération du droit d’auteur sur internet - sont autant d’enjeux à considérer.

L’Institut français d’Autriche s’est inscrit dans cette démarche en encourageant les actions, les débats d’idées et initiatives qui participent à la diffusion des valeurs humanistes au cœur de ces métamorphoses numériques. C’était en effet le but de l’initiative « Les rendez-vous du numérique », lors de laquelle des universitaires français et autrichiens sont intervenus sur le thème de l’humanisme numérique sous la forme de courtes vidéos qui ont été publiées sur les réseaux sociaux de l’Institut français d’Autriche au mois de novembre dernier.

Parmi les thèmes abordés, ceux de la transition numérique et du « Big data » à l’aune de l’humanisme numérique ont été notables. Samuel Nowakowski, enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine, et Katja Mayer, sociologue à l’Université de Vienne, sont notamment intervenus à ce sujet.

  • Samuel Nowakowski invite à associer le numérique à la science de l’informatique, ce qui permet de se positionner de manière éclairée face à l’ère du numérique et de comprendre ses fondements. Maîtriser et comprendre cela aujourd’hui, c’est "s’assurer d’appréhender non seulement le monde numérique actuel mais aussi celui de demain, donc de comprendre la transition numérique" dit Nowakowski. Comprendre le numérique et les transitions qu’il a induites permet alors "d’échapper à toute forme d’obscurantisme afin d’éviter de basculer dans une vision trop angélique ou trop diabolisante des apports du numérique". L’un des défis les plus importants soulignés par Samuel Nowakowski est ainsi la préservation de l’autonomie de la décision humaine face à des machines parfois perçues comme infaillibles, parce que même les chercheurs en intelligence artificielle n’ont jamais prétendu recréer l’intelligence.
  • Katja Mayer, elle, est intervenue sur la notion de "Big data" et ses enjeux. Cette dernière fait non seulement référence à des quantités de données toujours plus importantes mais aussi aux approches et systèmes qui accompagnent ce flot de données (l’intelligence artificielle est un bon exemple) afin de pouvoir les traiter de la meilleure façon possible. Avec l’intelligence artificielle, le "Big data" est devenu le fleuron d’un bouleversement social dans le cadre de la numérisation, et les questions de gouvernance qui y sont associées prennent de plus en plus d’importance. Ces systèmes, qui véhiculent aujourd’hui suffisamment d’informations sur les individus ou les institutions pour non seulement les surveiller mais aussi influencer leur comportement, ont ainsi besoin de nouvelles infrastructures solides pour assurer les échanges de données nécessaires et d’institutions solides pour les réglementer. Cela signifie également que si les préoccupations sociales actuelles ne sont pas intégrées dans le processus de développement technologique, il sera difficile de modifier par la suite les technologies et les processus déjà établis. C’est là qu’intervient la notion d’humanisme numérique, qui offre une perspective utile mais aussi de nombreuses possibilités d’intervenir et de travailler au développement de nouvelles technologies plus acceptables socialement.

Pour en savoir plus :

Rédactrice : Kalina Esmein, kalina.esmein[at]diplomatie.gouv.fr - https://at.ambafrance.org/