Retour sur la conférence dédiée à la recherche et à l’innovation de la Chambre de Commerce autrichienne (WKÖ)

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Autriche | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
29 avril 2024

Le 22 avril dernier, la Chambre de Commerce autrichienne (WKÖ) a organisé l’événement intitulé « Une recherche forte, un site fort » qui a réuni tous les principaux acteurs politiques, scientifiques, économiques, industriels autrichiens afin de définir en commun les priorités de la politique de la recherche pour la prochaine période gouvernementale.

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©WKÖ/Marek Knopp

Plus de financements pour la recherche et l’innovation

L’Autriche est un pays avec beaucoup de potentiel en matière d’innovation, mais où le changement d’échelle (scale-up) reste très limité. Christian Huber, cofondateur de BioNtech, a en effet mis en avant que l’Autriche, comme beaucoup de pays européens, ne dispose pas assez de fonds dits « à risques », pour développer les innovations de rupture, contrairement aux Etats-Unis. Plusieurs raisons à ce phénomène ont ainsi été évoquées, comme la différence entre les différents Länder autrichiens en matière de fonds mis à disposition pour les investissements et les différentes réglementations.

Selon le dirigeant de l’entreprise TTTech, Georg Kopetz, « il est essentiel d’établir un écosystème d’innovation vivant, dans lequel les entreprises et les instituts de recherche collaborent étroitement ».

Une tendance mondiale indique que les moyens mis en place pour la recherche et le développement sont en expansion dans le monde entier. La directrice générale de l’Agence autrichienne pour la promotion de la recherche, Henrietta Egerth-Stadtluber, a ainsi souligné l’importance de repenser dès maintenant les stratégies d’innovation et de trouver de nouveaux moyens d’investir plus efficacement pour prendre part à ce mouvement mondial. Parmi les annonces gouvernementales, le ministre Martin Polaschek a annoncé 16 milliards d’euros pour la recherche fondamentale universitaire à l’automne prochain. La ministre de l’Écologie a appelé à augmenter le financement de la recherche à 4 % afin que d’ici 2030, l’Autriche fasse partie du top 5 du tableau de bord européen de l’innovation. Le président de la Chambre de Commerce autrichienne a réclamé un objectif ambitieux pour le prochain gouvernement fédéral, avec un taux à 4.5%.

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Protection du climat, de l’Environnement, de l’Energie, de la Mobilité, de l’Innovation et de la Technologie Léonore Gewessler, le ministre fédéral du Travail et de l’Économie Martin Kocher ainsi que la Secrétaire d’État à la jeunesse Claudia Plakolm lors de la première table ronde intitulée « L’Autriche en tant que site de recherche - notre chemin vers l’excellence ». ©WKÖ/Marek Knopp

Rendre visible la recherche en Autriche à l’échelle européenne

L’Autriche joue néanmoins un rôle dans la recherche fondamentale, en particulier en physique quantique. Des figures majeures de la recherche ont travaillé en Autriche, par exemple le chercheur en physique quantique, Anton Zeilinger Prix Nobel de physique en 2022 ou encore Emmanuelle Charpentier, microbiologiste, généticienne et biochimiste française qui a obtenu le prix Nobel de chimie en 2020. Ces grands chercheurs ont obtenu des financements du Fonds autrichien pour la science pour sa recherche. « Cependant, ces chercheurs d’excellence ont tendance à ne pas rester en Autriche et il est important de s’interroger sur les raisons de ce phénomène », comme l’a souligné Christof Gattringer, président du Fonds autrichien pour la science (FWF), et qui a tenu à rappeler les financements conséquents du FWF dédiés à la recherche dite « ciel bleu (Blue sky) », la recherche pour laquelle les résultats n’ont pas une application concrète. Helga Nowtony, ancienne présidente du Conseil européen de la recherche, membre du comité directeur de la Ludwig Boltzmann Gesellschaft et membre du Conseil autrichien pour la recherche, la science, l’innovation et le développement technologique (FORWIT), grande figure de la recherche en Autriche, a appelé à soutenir plus massivement la recherche de pointe en Autriche et à la mise en place d’action concrète pour rendre plus visible les avancées scientifiques faites en Autriche. « Néanmoins, l’Autriche peut se féliciter de succès entrepreneurials, comme PartyQC, ancien spin-off de l’Université d’Innsbruck devenue une start-up très prometteuse travaillant au développement d’ordinateurs quantiques, et qui a bénéficié des Fonds autrichien pour la science (FWF) », comme l’a rappelé le président du Fonds autrichien pour la science (FWF). Pour en savoir plus sur la start-up autrichienne PartyQC, veuillez consulter l’article en ligne sur France Diplomatie.

De plus, Heinz Faßmann, le Président de l’Académie autrichienne des sciences a tenu à rappeler l’importance de l’Autriche à gagner en visibilité au sein de l’Europe et à se positionner comme leader, en affirmant que l’excellence de la recherche doit demeurer la priorité pour le futur de l’Europe. « Nous devons développer les réseaux européens d’innovation, car ensemble avec l’Europe, nous pouvons obtenir davantage dans la concurrence mondiale en matière d’innovation  » a aussi déclaré Mariana Kühnel, secrétaire générale adjointe de la Chambre de Commerce autrichienne.

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Quatrième table ronde « Faire plus avec l’Europe. L’avenir de la promotion de la recherche européenne dans la compétition mondiale pour l’innovation » ©WKÖ/Marek Knopp

Sensibiliser à la recherche dès le plus jeune âge

L’ensemble des intervenants ont souligné l’importance de l’éducation, à la fois pour éveiller de nouvelles vocations, mais également pour sensibiliser à la science. Le ministre du Travail et de l’Economie Martin Kocher souhaite d’avantage mettre l’accent sur l’accompagnement des jeunes pour s’orienter vers des carrières scientifiques et entrepreneuriales. « Cela doit se jouer dès la petite enfance afin d’éveiller la curiosité et de les initier à la recherche et à l’innovation de manière ludique et aussi amusante que possible », a-t-il déclaré. La lumière devrait également être mise sur les formations qui permettent de se diriger vers la recherche. « Il ne faut en effet pas oublier que plus de 50 % des diplômés en MINT issus des hautes écoles spécialisées (Fachhochschulen) se dirigent dans le domaine de la recherche », comme l’a rappelé Ulrike Prommer, présidente de la Conférence des hautes écoles spécialisées. Par ailleurs, les institutions de recherche devraient également réfléchir à accroitre leur communication sur leurs formations et leurs recherches, selon Andrea Höglinger, vice-rectrice recherche Université technique de Graz.

Avec un taux de 53 % de personnes sceptiques vis-à-vis de la science en Autriche, l’intention doit être portée sur l’éducation, a affirmé le président de la Chambre de Commerce autrichienne lors du discours de clôture, tout en soulignant que « l’Autriche doit également prendre exemple sur des initiatives qui ont pour objectif de restaurer la confiance entre les citoyens et la recherche comme Science Media Center ». Créé en 2001 au Royaume-Uni et développé ensuite en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Taïwan ou encore en Allemagne, ce service de presse indépendant veille à ce que le public ait accès aux meilleures preuves et expertises scientifiques par l’intermédiaire des médias d’information traditionnels.

Source :

Rédactrice : Emeline Ogereau, emeline.ogereau[at]diplomatie.gouv.fr - http:/at.ambafrance.org