L’humain, un « super prédateur » aux activités non-durables

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Canada | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
20 août 2015

Des chercheurs affiliés à l’Université de Victoria ont étudié la façon dont les activités humaines de chasse et de pêche différaient des comportements des autres prédateurs. Ces recherches viennent en renfort d’un appel insistant à l’exploitation durable des ressources naturelles.

Ces travaux de recherche, publiés dans le journal Science , éclairent d’un jour nouveau les extinctions massives de faune sauvage, la réduction de la taille des poissons et les perturbations des chaînes alimentaires à l’échelle mondiale. Ils sont réalisés par l’équipe de Chris Darimont, professeur de géographie au laboratoire Hakai-Raincoast de l’Université de Victoria, et directeur scientifique de la Raincoast Conservation Foundation.

Dans cet article, intitulé "L’écologie unique des prédateurs humains », Darimont et son équipe expliquent : « Notre technologie, diaboliquement efficace pour tuer nos systèmes d’économie mondiale et notre gestion des ressources qui donne la priorité aux bénéfices à court-terme ont donné naissance au super prédateur humain. L’impact que nous avons sur les écosystèmes est aussi extrême que notre comportement, et la planète porte le fardeau de notre domination prédatrice. »

L’analyse que l’équipe a menée, à l’échelle mondiale, indique que les humains exploitent généralement les populations de poissons adultes à un taux 14 fois supérieur à celui des prédateurs marins. Les grands carnivores terrestres - ours, loups et lions – sont 9 fois plus chassés par les humains qu’ils ne se chassent entre eux.

L’humanité diffère aussi fondamentalement de la prédation naturelle en se focalisant sur des proies adultes. « Alors que les prédateurs visent en priorité les jeunes individus ou l’"intérêt reproductif" des populations, les humains, eux, puisent dans le "capital reproductif" en exploitant les proies adultes », explique le co-auteur de l’étude et professeur de biologie à l’Université de Victoria, Tom Reimchen. Ces analyses ont d’abord été formulées durant des recherches sur le long-terme sur des poissons d’eau douce et sur leurs prédateurs, dans un lac isolé de Haida Gwaii, un archipel de la côte nord de la Colombie-Britannique. Tom Reimchen y a démontré que les poissons prédateurs et les oiseaux plongeurs pêchent une très grande majorité de poissons juvéniles. 22 espèces prédatrices ne prélèvent conjointement que 2% des poissons adultes. Ces résultats contrastent drastiquement avec les systèmes humains de pêche, qui se concentrent exclusivement sur les saumons adultes, prélevant 50% ou plus des populations migrantes.

L’étude finale inclut 2 125 évaluations de taux d’exploitation, basées sur les données extraites de plus de 300 travaux de recherche. La série de données analyse la vie sauvage, les proies tropicales et les systèmes de pêche de tous les continents et océans, Antarctique excepté. Les auteurs concluent sur un appel urgent à l’"exploitation durable" de la faune sauvage et des ressources halieutiques. Un modèle véritablement durable signifierait pour eux un changement culturel, économique et institutionnel, fixant des limites aux activités humaines pour que celles-ci s’alignent davantage sur le comportement des prédateurs naturels.

En savoir plus :
Darimont C.T., C. H. Fox, H.M. Bryan, T. E. Reimchen : “The unique ecology of human predators”, publié dans le magazine Science le 21 August 2015 :
Vol. 349 no. 6250 pp. 858-860.
DOI : 10.1126/science.aac4249
http://www.sciencemag.org/content/349/6250/858.full

Contact :

  • Dr. Chris Darimont (Dept. of Geography)
    250-853-3287
    darimont chez uvic.ca
  • Dr. Tom Reimchen (Dept. of Biology)
    250-721-7101
    reimchen chez uvic.ca

Source :
Communiqué de presse du 20 août 2015 de l’Université de Victoria –
http://communications.uvic.ca/releases/release.php?display=release&id=1487

Rédacteur(s) :
Mathieu Leporini – Attaché pour la Science et la Technologie à Vancouver – mathieu.leporini[a]diplomatie.gouv.fr ; Flora Souchard – Stagiaire ENS, Consulat général de France à Vancouver – flora.souchard[a]diplomatie.gouv.fr