Brevets en IA au Japon : Acteurs et tendances

Le JPO (Japan Patent Office) a analysé les demandes de brevets en intelligence artificielle déposées au Japon entre 1988 et 2017. Il s’en dégage les tendances suivantes :

• Sur le périmètre défini de l’étude, le JPO a recensé 41 518 demandes de dépôt de brevets liés à l’IA sur cette période.

• L’analyse par année fait ressortir le « 3ème boom » de l’IA (développement des techniques de machine learning) que l’on connaît aujourd’hui. A la suite du « 2ème boom » (développement des systèmes experts), les demandes de dépôt de brevet en IA ont stagné pendant 20 ans à partir du milieu des années 90 ( 1 100 demandes par an pendant cet « hiver » de l’IA) et sont reparties en forte augmentation depuis 2015, atteignant 3 065 demandes en 2017 (les données fournies par le JPO s’arrêtent à cette année-là)

• Cette augmentation est à mettre en comparaison avec la stagnation (voire le déclin depuis 2000) du nombre total de demandes de dépôt de brevet.

• Cette augmentation est grandement liée à l’expansion du machine learning puisque la part de demandes concernant le machine learning, stable à 50% depuis plusieurs décennies et jusqu’en 2012, est grimpé à 85% en 2017.

• A leur tour, les techniques de deep learning sont responsables de cette hausse. Quasi-nulles en 2013, les inventions en lien avec ces techniques explosent depuis. En 2017, elles représentaient la moitié des demandes de dépôts de brevets liés à l’IA.

• En creusant encore l’analyse d’un niveau, on constate que, parmi les techniques de deep learning, les réseaux de neurones convolutifs (méthode notamment développée par le chercheur français Yann Le Cun, travaux pour lesquels il a reçu le prix Turing en mars 2019) sont dominants (22% des inventions liées à l’IA en 2017), devant les réseaux de neurones récurrents (10%).

Le Japan Patent Office s’est ensuite intéressé aux entités ayant déposé ces demandes de brevets depuis ce « 3ème boom » de l’IA (données prises entre 2014 et mai 2019), et aux domaines d’application pour lesquels chacun de ces acteurs a effectué des demandes.

Le groupe NTT arrive en tête, devant Fujitsu, FANUC, Hitachi et NEC. Sans surprise, on constate que les inventions de ces acteurs sont fortement liées à leurs activités de coeur de métier (NTT en analyse du langage, FANUC en robotique, Canon en traitement d’image et de vidéos…).

Source :
https://www.jpo.go.jp/e/system/patent/gaiyo/ai/document/ai_shutsugan_chosa/report.pdf

Rédacteur :
Guillaume Barraud, Chargé de mission Numérique, Matériaux et Sciences de l’ingénieur, Ambassade de France au Japon
guillaume.barraud -at- diplomatie.gouv.fr