Les secrets des micro-organismes eucaryotes en eaux douces explorés par la chercheuse polonaise Anna Karnkowska

Anna Karnkowska est chercheuse à l’Université de Varsovie et spécialiste des eucaryotes microbiens. Le terme “eucaryote” est utilisé pour caractériser l’ensemble des organismes dont la ou les cellules sont composées d’un noyau, d’organites (Réticulum endoplasmique, appareil de Golgi, mitochondries etc.) et de membranes. C’est le cas des plantes, des animaux et des champignons par exemple. Dans le monde vivant, il existe également des organismes unicellulaires comme les bactéries ou les archées qui ne possèdent pas de noyau ou d’organites : ce sont des procaryotes. Le Dr. Anna Karnkowska tente de comprendre les événements majeurs dans l’évolution des eucaryotes : “La vie sur Terre semble être dominée par les plantes et les animaux mais une immense variété de protistes - des eucaryotes unicellulaires - se développe dans le sol, les lacs, et les océans. Mes recherches portent sur la diversité, l’écologie et l’évolution des protistes. En étudiant la diversité des eucaryotes microbiens, j’aborde des questions générales sur l’évolution des cellules eucaryotes et le rôle de ces organismes unicellulaires dans les environnements aquatiques.” La chercheuse polonaise veut percer les secrets des micro-organismes eucaryotes : comprendre leur origine, leur histoire et étudier les organites qui ont persisté au cours du temps pour connaître leurs fonctions.

Le Dr. Anna Karnkowska avec la photo d’un protiste. Crédit : Anna Karnkowska

Actuellement, Anna Karnkowska s’intéresse au rôle des protistes, des eucaryotes composés d’une seule cellule, dans les écosystèmes d’eau douce et analyse leurs changements au cours des saisons. Elle tente d’identifier les interactions au sein de la communauté microbienne et la capacité des protistes à agir comme des réservoirs de bactéries pathogènes. De plus, elle étudie les rhodopsines, des protéines activées par la lumière pouvant fonctionner comme des pompes à protons en utilisant l’énergie solaire. Les questions qu’elle se pose portent sur l’abondance de ces protéines et leur rôle potentiel dans l’utilisation de l’énergie solaire en eaux douces. Pour ce faire, Anna Karnkowska prélève des échantillons dans les lacs de Mazurie en Pologne qui comptabilisent près de 2000 lacs. La diversité de ces lacs - tant par leur taille, leur profondeur et leur état trophique - permet de caractériser une grande diversité de protistes. Cette année, Anna Karnkowska devrait effectuer un séjour scientifique à la Station Biologique de Roscoff en France, grâce à une bourse du Gouvernement Français. Ce séjour scientifique permettra d’établir une coopération étroite entre les chercheurs polonais et français travaillant sur l’écologie microbienne aquatique. Cet échange permettra la mise en place de protocoles précis, de transferts de connaissances bilatéraux et développera l’excellence de la science des environnements aquatiques.

À propos de son séjour scientifique en France, Anna Karnkowska déclare : “J’envisage que la coopération franco-polonaise, en particulier la coopération entre Sorbonne Université et ma alma mater - l’Université de Varsovie, sera bientôt l’un des réseaux scientifiques les plus influents d’Europe, grâce à l’alliance 4EU+. Cette alliance crée des possibilités de mobilité des étudiants et des doctorants et favorise les projets communs. Mon objectif ultime est d’établir une collaboration solide avec les chercheurs de la Station Biologique de Roscoff afin d’aborder la diversité microbienne et les interactions essentielles au fonctionnement des environnements aquatiques.” Pour elle, la mobilité des chercheurs joue un rôle prépondérant pour repousser les limites des connaissances scientifiques.

Anna Karnkowska a été récompensée en avril dernier par le Programme L’Oréal-Unesco Pour les femmes et la science. Ce programme a pour but de reconnaître, valoriser et soutenir les chercheuses, qui, par leurs travaux et leur excellence au quotidien contribuent à relever les grands enjeux planétaires. Selon la chercheuse polonaise, la mobilité est aussi un moyen pour les femmes en sciences de s’épanouir professionnellement : “De nos jours, même si de plus en plus de femmes embarquent pour des carrières scientifiques, elles sont toujours confrontées à des problèmes d’équilibre entre leurs vies professionnelle et privée. Pour atteindre le bon équilibre, je pense qu’expérimenter différentes cultures de travail est aussi important que le développement scientifique. Une partie de l’épanouissement personnel en tant que chercheuse réside dans l’échange d’idées, et changer son environnement de travail est un élément essentiel dans ce processus. J’espère qu’une nouvelle génération de femmes en sciences bénéficiera des possibilités offertes par les coopérations internationales pour devenir encore plus performante et reconnue.”

Pour en savoir plus
Université de Varsovie, “Badaczki z UW stypendystkami L’Oreal – UNESCO”, 19 avril 2021

Rédactrice
Elisa Pospieszny, Chargée de Coopération Scientifique et Universitaire à l’Ambassade de France en Pologne
elisa.pospieszny[at]diplomatie.gouv.fr