Michalina Kowala, chercheuse et ancienne boursière des programmes France Excellence, met en lumière la protection des éditeurs de presse à l’ère de l’IA générative

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1er octobre 2024

Le rayonnement de la France dans le domaine de la recherche scientifique internationale est une réalité, et les parcours tels que celui de Michalina Kowala, ancienne boursière des programmes de bourses France Excellence, en sont une illustration éclatante. Doctorante à l’Université Adam Mickiewicz de Poznań et chercheuse à l’Institut de Recherche en Droit Privé de Nantes Université, elle s’est spécialisée dans un domaine d’une pertinence cruciale à notre époque : la protection des éditeurs de presse face aux bouleversements technologiques induits par l’intelligence artificielle générative (IA).

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Michalina Kowala, chercheuse et ancienne boursière des programmes France Excellence

Son dernier article, intitulé « Protection of Press Publishers in the Age of Generative AI – In Search of Legal Remedies to Adapt to Technological Pace », a été récemment accepté pour la prestigieuse conférence European Policy for Intellectual Property (EPIP), soulignant ainsi la reconnaissance internationale de ses travaux. Ces recherches se concentrent sur l’article 15 de la directive (UE) 2019/790, pilier fondamental du droit d’auteur et des droits voisins dans le marché unique numérique, et analysent la manière dont cette législation peut, ou non, offrir une protection adéquate aux éditeurs de presse dans le contexte de la révolution technologique actuelle.

À une époque où l’IA, et plus particulièrement l’IA générative, transforme en profondeur les modes de production et de diffusion de l’information, les travaux de Michalina Kowala s’inscrivent au cœur des débats contemporains. Les algorithmes d’IA, qui nécessitent des quantités colossales de données pour leurs phases d’entraînement, puisent largement dans les contenus éditoriaux, souvent sans compensation ni transparence suffisante pour les éditeurs. Cette situation crée un déséquilibre de pouvoir, et, à terme, pourrait compromettre le pluralisme médiatique et la qualité de l’information disponible pour les citoyens européens.

L’article de Michalina Kowala propose des solutions novatrices pour pallier les lacunes de la directive européenne en vigueur, tout en posant les bases d’une protection renforcée des éditeurs de presse. Elle insiste notamment sur la nécessité de combiner l’innovation technologique avec le respect des droits d’auteur, afin d’éviter que les progrès fulgurants de l’IA ne se fassent au détriment des créateurs de contenu. Le dilemme qu’elle met en lumière — entre la stimulation de l’innovation et la préservation de la créativité humaine — fait écho aux préoccupations de nombreux législateurs et experts.

Ces réflexions trouvent un écho particulier dans l’actualité diplomatique. La France s’apprête à accueillir, les 10 et 11 février 2025, le Sommet pour l’action sur l’IA, où seront discutés les grands enjeux de la régulation de l’intelligence artificielle, tant en termes de souveraineté numérique que de respect des droits fondamentaux. Les recherches de Michalina Kowala s’inscrivent donc pleinement dans cette dynamique internationale. Elles contribuent à une réflexion nécessaire sur la manière dont l’Europe, en tant que leader mondial en matière de régulation, peut adapter son cadre juridique face aux défis posés par l’IA, et notamment par les modèles génératifs qui utilisent des contenus protégés pour créer des produits concurrents sans rémunération équitable.

Au-delà de l’analyse juridique fine qu’elle propose, Michalina met également en évidence la complexité des relations entre les éditeurs de presse et les grandes plateformes numériques. En s’appuyant sur des exemples concrets tels que Google News ou les récentes affaires impliquant l’usage des publications journalistiques pour l’entraînement des modèles d’IA, elle démontre que la protection des éditeurs ne saurait être réduite à une simple lutte contre l’exploitation de leurs contenus. Il s’agit également de garantir l’accès des citoyens à une information diversifiée, indépendante et de qualité, un élément fondamental de toute démocratie.

Les recherches de Michalina Kowala, menées en France dans le cadre d’une bourse d’excellence, ne sont pas seulement une contribution précieuse aux débats actuels sur le droit d’auteur. Elles illustrent également la capacité de la France à attirer et à soutenir les talents internationaux dans des domaines critiques pour l’avenir de nos sociétés. Elles démontrent que les enjeux liés à l’intelligence artificielle, loin d’être purement technologiques, sont profondément liés aux droits des individus, à la créativité humaine et à la préservation de la diversité médiatique.

Rédactrice :
Aurore Petit, Chargée de coopération scientifique et universitaire à l’Ambassade de France en Pologne
aurore.petit[at]diplomatie.gouv.fr