La découverte d’un stock de poisson fermenté change nos représentations des populations nordiques à la préhistoire

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Suède

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Suède | Sciences Humaines et sociales
22 février 2016

La découverte du plus ancien stock de poisson fermenté dans le sud de la Suède pourrait modifier nos connaissances sur la préhistoire nordique avec des résultats indiquant une société beaucoup plus complexe qu’on ne le pensait. Cette découverte unique, menée par l’ostéologue Adam Boethius de l’Université de Lund, a été faite lors de l’excavation d’un site vieux de 9200 ans, à Blekinge en Suède.

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Adam Boethius, étudiant en thèse en ostéologie à l’université de Lund avec d’autres archéologues à Blekinge en Suède. Credit : Lund University

Environ 200 000 os de poissons ont été découverts à l’intérieur et autour d’une fosse dans la région de Blekinge au Sud de la Suède. Cette découverte suggère que les populations vivant dans cette région il y a plus de 9000 ans étaient plus organisées et plus évoluées que ce que l’on pensait jusqu’à présent. L’article publié dans la revue Journal of Archaeological Science suggère que ces populations ont stocké de grandes quantités de nourriture fermentée beaucoup plus tôt que ce que les experts avaient imaginé.

Les résultats sont importants car il était généralement admis que les habitants du Nord vivaient de façon relativement nomade, alors que les populations du Moyen-Orient (au sens large) s’étaient déjà sédentarisées. Cette découverte constitue la première preuve d’une fermentation en Scandinavie pour la période mésolithique précoce, il y a environ 9200 ans.

On considère que, lors de la période mésolithique (environ entre 10 000 et 5 000 ans av. J.-C. en Europe), les groupes humains perpétuaient un mode de subsistance basé sur la chasse et la cueillette. Les chercheurs pensaient donc que les populations scandinaves se déplaçaient pour suivre les sources de nourriture qu’ils pouvaient trouver et vivaient de poissons pêchés dans la mer, les lacs et les rivières.

« Ce résultat est vraiment passionnant et surprenant ; il nous donne une toute nouvelle image de la façon dont ces peuples ont vécu », déclare Adam Boethius, auteur de l’étude et doctorant en ostéologie historique à l’Université de Lund. « Nous n’avions jamais vu un site comme celui-ci avec autant d’arêtes de poisson bien conservées ».

L’excavation aura mobilisé 16 archéologues pendant cinq mois. L’analyse de la fosse réalisée par Adam Boethius a montré que les arêtes de poisson provenaient de poissons d’eau douce. Il apparaît également que les poissons avaient été fermentés - une façon ingénieuse de conserver les aliments sans utiliser de sel.

La quantité de poissons trouvée (estimée à 60 tonnes) aurait pu nourrir une grande communauté de personnes. Compte tenu du type de poissons trouvés sur le site, Boethius imagine que les sources d’eau douce ont joué un rôle très important dans le développement futur de la culture et de l’élevage dans cette région. Il travaille actuellement sur d’autres recherches pour savoir exactement ce que les habitants de Scandinavie mangeaient et ce que cette connaissance peut apporter à notre compréhension des sociétés anciennes.

Sources

http://www.lunduniversity.lu.se/article/signs-of-early-settlement-in-the-nordic-region-date-back-to-the-cradle-of-civilisation?platform=hootsuite
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0305440316000170

Rédactrice

Nelly Guitard