Q&R - Point de presse live (06.07.23)

Partager

Q - Votre homologue russe, Mme Maria Zakharova a affirmé aujourd’hui que les armes fournies par l’Occident et l’OTAN à l’Ukraine se sont retrouvées dans les mains des émeutiers dans le contexte de la mort du jeune Nahel à Nanterre, et que ces armes ont été employées contre les forces de l’ordre en France. Pourrais-je avoir votre réaction à cette déclaration s’il vous plait ?

R - Je n’ai pas l’habitude de commenter les déclarations sans fondement de Mme Zakharova. En l’occurrence, nous fournissons, comme vous le savez, des armes à l’Ukraine en soutien à son action de légitime défense face à une agression illégale de la Russie sur le territoire ukrainien.

Q - Concernant M. Le Drian et Mme Colonna, a-t-il présenté un rapport écrit à Mme Colonna sur sa visite ? Et quand est-ce que, exactement, il compte se rendre au Liban ? Vous avez parlé des prochaines semaines. S’y rendra-t-il dans les deux semaines à venir ? Visitera-t-il aussi l’Arabie saoudite et le Qatar avant le Liban ?

R - M. Jean-Yves Le Drian a eu l’occasion de faire état à la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Mme Colonna, des conclusions préliminaires de sa mission. Comme vous le savez, cette première mission, qui a duré quelques jours au Liban, lui a permis de rencontrer la totalité des responsables, politiques et religieux, de la société civile, et donc d’établir un premier état de la situation, dont il a pu faire état auprès de Mme Colonna pour dessiner la suite de sa mission. À ce stade, je n’ai pas plus de précisions sur une date de déplacement de M. Jean-Yves Le Drian au Liban, mais il s’y rendra comme je l’indiquais dans les prochaines semaines, et je n’ai pas d’autres éléments sur d’autres déplacements à vous communiquer à ce stade.

Q - Petite question sur le Liban, mais un autre angle, s’il vous plait. La semaine passée, le Hezbollah a enlevé une tente des deux tentes qu’ils ont installées sur le territoire israélien. Je comprends maintenant qu’il y a des négociations sur la deuxième tente. Est-ce que la France était ou est impliquée dans ces négociations ? Et aussi, s’il vous plait, me commenter sur les tirs de - je ne sais pas si c’était de roquettes ou des missiles - aujourd’hui du territoire libanais vers Israël. Est-ce que pour vous c’est une escalade des tensions ?

R - S’agissant du Hezbollah et de l’élément que vous mentionnez, je n’ai pas connaissance d’implication de la France dans les discussions que vous avez évoquées.
Et s’agissant des tirs de roquettes que vous évoquez, je n’ai pas non plus d’éléments confirmant ces nouvelles violences, mais en tout état de cause, vous connaissez l’engagement de la France sur la ligne bleue et pour le respect du cessez-le-feu, qui se traduit notamment par notre engagement constant au sein de la FINUL.

Q - Je voulais savoir, le ministre des affaires étrangères russe, Serguei Lavrov, a déclaré que Wagner va continuer ses opérations au Mali et en Centrafrique. Je voulais savoir votre opinion sur ce sujet.

R - S’agissant de la milice Wagner, je crois que les derniers éléments ont pu montrer à quel point cette milice n’en est même pas une, mais un groupe criminel et mafieux dont on connaît les violations systémiques et systématiques, à la fois des souverainetés des États et des peuples, mais également des droits de l’Homme. Et je ne peux que condamner à nouveau les exactions dont les Nations unies ont pu faire état dans le cadre du rapport sur le massacre de Moura, intervenu en mars 2022, et où l’implication des mercenaires de Wagner est établie par les Nations unies. Donc aujourd’hui, nous disons aux pays qui ont fait le choix de Wagner, et qui peut-être le regrettent en voyant le développement de ces dernières semaines, qu’il est temps de s’en dissocier. Et qu’on ne peut que craindre que face à la fragilisation du système Wagner, et aux failles à l’intérieur du système russe qui ont été révélées, que les actions de spoliation, les exactions auxquelles se livre la milice Wagner, n’aillent croissantes, au détriment des populations et des États concernés. Voilà quelle est notre position à cet égard. Vous savez que nous avons déjà, dans le cadre européen, adopté toute une série de mesures et de sanctions pour sanctionner les mercenaires de ce groupe criminel et mafieux. Nous poursuivons nos discussions avec les partenaires européens et les autres partenaires sur ce point.

Q - Bruno Foucher, nommé ambassadeur de France en Centrafrique : déjà est-ce que vous pouvez dire quand est-ce qu’il va arriver, si ce sera avant ou après le référendum ? Et quelle sera sa mission ? Est-ce que c’est un dégel des relations entre Paris et Bangui ? Ou bien est-ce que c’est une action plus offensive pour pousser Wagner hors du pays ?

R - Alors je ne commente pas les nominations d’ambassadeurs, qui relèvent toujours du conseil des ministres, mais vous savez quelle est notre position sur la RCA. J’ai eu l’occasion de l’exprimer à plusieurs reprises. Nous souhaitons des relations apaisées avec la République centrafricaine. Le Président de la République a rencontré le président Touadéra en marge du One Forest Summit qui s’est tenu à Libreville, et notre ambassade rencontre régulièrement l’ensemble des autorités centrafricaines. Donc la nomination d’un ambassadeur s’inscrit dans cette logique.

Q - Une question sur le sommet de l’OTAN : normalement devrait être discuté l’ouverture potentielle d’un bureau de liaison à Tokyo. Il semblerait que la France s’oppose à ce bureau. Est-ce que vous pourriez nous dire un mot sur la position française ?

R - Je crois que la question n’est pas celle du bureau de l’OTAN au Japon. Vous savez qu’il y a déjà des ambassades référentes pour les relations de l’OTAN avec le Japon. Et donc la question est celle du renforcement des relations entre l’OTAN et le Japon, que nous soutenons tout à fait et qui fait l’objet de discussions avec nos partenaires et alliés.

Q - Je voulais savoir si la France allait au sommet de Vilnius, seule ou avec ses partenaires, avec des propositions concrètes en ce qui concerne les garanties de sécurité de l’Ukraine, éventuellement après, enfin à partir de la fin de la guerre, ou dans d’autres conditions.

R - Vous avez entendu nos autorités s’exprimer très clairement à ce sujet, la Ministre, le Président de la République encore tout récemment, à l’occasion de son entretien avec le président Zelensky : nous souhaitons que le sommet de Vilnius marque un signal positif et puisse apporter, en effet, des garanties de sécurité concrètes et tangibles à l’Ukraine, qui permettent de faire face à toute menace d’une future agression de la Russie contre l’Ukraine et d’empêcher cette future agression. Donc ce sera une partie de la discussion à Vilnius. Il s’agit également d’apporter, en matière de capacités et de soutien à l’Ukraine, des éléments tangibles et concrets, et surtout un soutien qui s’exprimera sur le long terme de la part de tous les alliés. Vous avez entendu la Ministre le ré-exprimer à nouveau lors de sa conférence de presse avec les États baltes. Cela inclut également un volet européen, et vous avez vu les conclusions du Conseil européen, qui ont permis de marquer l’engagement des États membres pour apporter, pour l’avenir, ces engagements de sécurité à l’Ukraine ; mais vous avez également entendu la Ministre évoquer les aspects bilatéraux, puisque nous travaillons également sur le soutien que nous pouvons apporter bilatéralement à l’Ukraine sur le long terme, et que nous allons reconfirmer à cette occasion.

Q - La visite de Catherine Colonna à Madagascar a été reportée pour la troisième fois il me semble. Est-ce que vous pouvez pour quelle raison ? Est-ce que c’est signe de tension entre Paris et Antananarivo ?

R - Non, nous entretenons de très bonnes relations avec Madagascar, et il s’agit de pouvoir avancer dans cette perspective avec les autorités malgaches. Mais vous aurez noté que le président Rajoelina s’est rendu à Paris à deux reprises ces dernières semaines, notamment pour un entretien à l’Élysée avec le Président de la République, et à l’occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Ces entretiens ont permis de faire le point sur tous les aspects de la relation bilatérale, et dans ce contexte-là, la décision a été prise, avec les autorités malgaches, de reporter la visite de la Ministre à une date ultérieure.