Q&R - point de presse live (5 octobre 2023)

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Q - Bonjour. Il y a eu une déclaration récente, concernant le Parlement européen, qui dénonce une épuration ethnique au Haut-Karabakh et qui s’est prononcée en faveur de sanctions. Je voudrais savoir si la France va prendre à son compte ce vocable - l’épuration ethnique - et si, par ailleurs, la France est favorable à de telles sanctions contre l’Azerbaïdjan ?

R - Comme vous le savez, la Ministre a eu l’occasion de s’exprimer à ce sujet ; elle était tout récemment encore en Arménie. Sa visite en Arménie visait tout d’abord à répondre à cette situation au Haut-Karabakh, où elle a souligné la gravité des crimes commis, et souligné à quel point on ne pouvait parler, en la matière, de départs volontaires, mais qu’il s’agissait bien de départs forcés, départs forcés qui avaient conduit à un exode massif et complet de la population du Haut-Karabakh, sous la menace à la fois d’un blocus qui a duré plus de neuf mois, blocus qui a frappé la population de manière très drastique et ensuite d’une offensive illégale de la part de l’Azerbaïdjan. Nous avons condamné ce recours à la force et c’est une position qui est tenue par l’Union européenne. La visite de la Ministre permettait de marquer notre soutien, dans ce contexte, à l’Arménie, notre appel aussi à respecter les droits des populations arméniennes du Haut-Karabakh. Vous savez que la Ministre avait demandé à cet égard une réunion d’urgence au Conseil de sécurité, à l’occasion de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies. Et nous avons, dans ce contexte, marqué notre souhait que la communauté internationale se saisisse de cette question, à la fois par un soutien à l’intégrité territoriale de l’Arménie, puisque nous sommes extrêmement vigilants sur ce sujet et à toute atteinte qui pourrait être faite à cette intégrité territoriale - la Ministre s’est exprimée à cet égard très clairement -, mais aussi à la possibilité, pour les populations arméniennes du Haut-Karabakh, de pouvoir retourner, comme le droit le leur reconnaît, dans leur territoire, où elles résidaient précédemment.

Q - Est-ce que vous êtes favorable - oui ou non - à des sanctions envers l’Azerbaïdjan ? Parce que vous n’avez pas répondu sur ce point ?

R - Sur ce point, la Ministre a eu l’occasion hier d’indiquer que toute atteinte à l’intégrité territoriale de l’Arménie appellerait une réponse robuste. À cet égard, il y a des discussions en cours avec nos partenaires, notamment européens, sur les paramètres qui pourraient être retenus en la matière.

Q - Et sur le qualificatif d’épuration ethnique ?

R - La Ministre a souligné que nous marquions la gravité des crimes commis. Je vous rappelle qu’elle a aussi mentionné la Cour pénale internationale, puisque vous savez que l’Arménie a ratifié mardi l’adhésion au Statut de Rome et à la Cour pénale internationale. Elle a salué ce mouvement, que nous soutenons sur le principe qui, dans le contexte et la situation au Haut-Karabakh, a une signification particulière.

Q - Le forum « la Ceinture et la Route » se tiendra ce mois-ci en Chine, et la France va y participer, comme c’est prévu dans la déclaration conjointe entre les deux pays publiée en avril. Est-ce que vous avez des informations à nous donner ? Par exemple, qui va représenter la France pour participer à cette rencontre ?

R - Nous avions en effet confirmé qu’il y aurait une participation française à cet événement mais, à ce stade, je n’ai pas confirmation de la personnalité et du niveau de représentation qui sera apporté à cette réunion.

Q - La Ministre des affaires étrangères a publié sur son compte X, je cite : « de retour en Arménie », avec la photo du mont Ağrı. Est-ce que la Ministre pense que le mont Ağrı appartient à l’Arménie ? A-t-elle connaissance que le mont Ağrı est situé en Turquie ? Pourrait-elle avoir été mal informée sur le sujet ? Si elle a fait cela en toute connaissance de cause, en tant que haute diplomate, pourrait-elle ne pas être consciente que cela dérangerait beaucoup de personnes en Turquie ? Merci beaucoup.

R - La Ministre a en effet tweeté à son arrivée en Arménie, depuis l’avion. On sait que le mont Ararat est emblématique du paysage vu d’Erevan. La Ministre a tout simplement souhaité célébrer son retour en Arménie, puisqu’elle avait eu l’occasion de poster cette photo à l’occasion d’un précédent voyage qu’elle avait effectué. Il est bien évident qu’il n’y a aucune ambiguïté en la matière, et qu’il n’y a pas de reconnaissance d’aucune sorte, puisque l’Arménie n’a aucune prétention territoriale en la matière. Et aucune ambiguïté de la France en la matière.

Q - Ma question, toujours sur le dossier arménien : l’Iran a proposé d’envoyer des observateurs sur les frontières azéries-arméniennes. Qu’est-ce que vous pensez de cette proposition ?

R - Je n’ai pas de commentaire particulier à faire sur cette proposition. Aujourd’hui, notre souhait, c’est qu’il y ait au Haut-Karabakh une présence permanente des organisations onusiennes. Vous savez que la CIJ avait appelé à l’ouverture permanente du corridor de Latchine. Il nous semble important, aujourd’hui, que la présence onusienne soit à cet égard établie et qu’elle puisse être garantie pour permettre, comme on l’a indiqué, le retour des populations arméniennes du Haut-Karabakh.

S’agissant des frontières de l’Arménie, notre point, aujourd’hui, c’est d’appeler au respect de l’intégrité territoriale de l’Arménie ; de ne pas appeler à l’intervention d’un État extérieur, mais au contraire de rappeler que l’intégrité territoriale de l’Arménie doit être respectée par la totalité de ses voisins.

Q - J’ai une autre question sur la Géorgie, qui a exprimé, il y a une demi-heure, sa préoccupation en raison de l’installation d’une base russe dans une de ses régions séparatistes, en l’occurrence en Abkhazie. Elle considère que c’est une violation de sa souveraineté. Je voulais savoir si la France avait une réaction à cette préoccupation ?

R - Je n’ai pas de réaction spécifique sur ce point, mais vous connaissez notre attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues et ce, 15 ans après une agression russe contre ce pays. Nous appelons la Russie à mettre pleinement en œuvre les engagements qu’elle a souscrits, dès 2008, et réaffirmons notre soutien à la plateforme des discussions internationales de Genève, qui seule permettra aux parties d’œuvrer en faveur d’une solution commune. Toute remise en cause de ces engagements serait évidemment condamnable, de notre point de vue.

Q - Le mois dernier, au G7, la France a signé un mémorandum pour un nouveau corridor commercial entre l’Inde, le Moyen-Orient et la France. Je ne sais pas si c’est à vous de demander, mais je voulais savoir si on allait bientôt avoir plus de détails venant de la France, parce qu’on a surtout des infos venant de l’Inde, officielles, et il me semble que le document demande aux pays, sous deux mois, de donner des infos. Donc peut-être… Quels types d’infrastructures ? Quand est-ce qu’on va avoir des infos sur ce nouveau corridor commercial, et quels endroits en France pourraient être concernés par ce projet d’infrastructures ?

R - Je propose que nous revenions vers vous. À ce stade, je n’ai pas d’éléments supplémentaires sur la mise en œuvre de cet accord. Vous mentionnez ce délai de deux mois ; on devrait être en mesure de pouvoir vous donner davantage de détails sur sa mise en œuvre.