Q&R - Point de presse live (13 juin 2023)

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Q - Merci de prendre mes questions. J’en ai une concernant l’Iran, et plusieurs sur le Liban. Concernant l’Iran, il y a un gros responsable diplomatique iranien, Ali Bagheri Kani, qui a twitté aujourd’hui, disant qu’il était à Abou Dabi, et qu’il avait rencontré ses homologues français, allemand et britannique. Il est responsable des négociations sur le nucléaire, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur cette rencontre ? Est-ce qu’il y a les prémices d’une reprise des négociations sur le nucléaire avec l’Iran ? Et la deuxième question concerne Jean-Yves Le Drian. Vous avez évoqué une rencontre prochainement avec Mme Colonna. Est-ce que vous pouvez nous dire comment va s’articuler la mission de M. Le Drian et le ministère des affaires étrangères concernant le dossier libanais ? Savez-vous si M. Le Drian va se rendre, enfin… quand va-t-il se rendre au Liban ? Et dans la perspective demain de la session parlementaire pour élire un Président de la République, êtes-vous confiant qu’il puisse y avoir une décision demain ? Et sinon, est-il envisagé une réunion, une conférence sur le Liban à Paris prochainement ?

R - Merci beaucoup pour cette longue série de questions. Je vais commencer par la première. En effet, les directeurs politiques E3 ont eu l’occasion de rencontrer le responsable iranien que vous mentionnez à Abou Dabi le 12 juin. Je n’ai pas de commentaire à faire sur l’objet de cette rencontre, je crois que vous connaissez nos positions très clairement exprimées à la fois par les E3 à l’occasion du Conseil des gouverneurs qui s’est tenu il y a quelques jours, et le Président de la République, qui a eu l’occasion de s’exprimer auprès du Président Raïssi sur cette question encore ce week-end. La position de la France est que nous demeurons mobilisés pleinement pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Nous nous coordonnons avec nos partenaires internationaux sur la meilleure manière de répondre à l’escalade nucléaire extrêmement préoccupante qui est en cours, et pour trouver une solution diplomatique à la situation actuelle. Voilà les messages qui ont été réitérés. Voilà pour ce premier point.

Sur les suivants, M. Jean-Yves Le Drian, l’envoyé personnel, sera en effet reçu par Mme la Ministre, comme je l’indiquais, dans les jours à venir. Ce sera l’occasion d’évoquer la suite de sa mission qui a été définie très clairement dans le communiqué de l’Elysée qui a annoncé sa nomination il y a quelques jours. Comme je l’indiquais, il s’agit de poursuivre nos efforts pour une sortie urgente de la crise libanaise, et cela reflète la priorité que la diplomatie française donne à cette question. Ce travail se conduira en très étroite concertation et coordination.

S’agissant de la date que vous avez évoquée, il y a en effet une convocation de la session parlementaire libanaise le 14 par le président du parlement libanais. Il est entendu que nous continuons d’appeler à la sortie de crise, qui est notre message depuis maintenant plus de huit mois que dure ce vide institutionnel, et qu’il ne s’agit de gâcher aucune occasion qui se présente. Notre message à tous, aujourd’hui, c’est de prendre cette échéance au sérieux et d’en faire l’occasion d’une sortie de crise.

Et votre dernière question m’échappe.

Q - Sur l’organisation d’une conférence internationale sur le Liban et sur les dates de déplacement de Jean-Yves Le Drian ?

R - Je ne réponds pas aux questions hypothétiques. Pour l’instant la date de déplacement de M. Jean-Yves Le Drian n’est pas communiquée. Je ne peux pas vous donner cette information. Il s’agira pour nous de faire tout d’abord l’évaluation de cette session parlementaire qui se tient le 14.

Q - C’était pour revenir sur cette campagne numérique de manipulation russe. À part le site du Quai d’Orsay, qu’est-ce qu’il y avait d’autre ? Je n’ai pas encore vu les documents que vous avez mis en ligne, mais qu’est-ce qu’il y avait d’autre, comme attaques ? Combien ? Sur quelle période ceci s’est passé, est-ce récent, ou deux trois mois, quelques semaines ou quelques jours ? Quel genre de conséquences y aura-t-il ? Je sais que vous parlez avec vos partenaires, mais est-ce que vous allez parler au niveau européen, pour éventuellement rajouter des sanctions spécifiques sur des groupes qui sont derrière ça ? Est-ce qu’il y a des conséquences pour les ambassades ? Je présume que l’ambassade et le centre culturel, ici, étaient impliqués ; est-ce qu’il y a des conséquences pour eux ? Si vous pouvez nous donner plus de détails sur ça.

R - Dès que nous avons détecté un site miroir, qui était en effet un site miroir de France Diplomatie, nous avons réagi immédiatement, pour pouvoir faire face à cette campagne de manipulation de l’information et évidemment limiter son impact. Cela nous a permis de faire en sorte que cette campagne n’ait pas d’impact sur notre opinion publique, tout en mesurant le fait que l’opinion publique française est tout à fait résiliente face à ces campagnes de désinformation , et qu’à ce stade, nous n’en voyons pas les effets se traduire dans la réalité. S’agissant des conséquences, cette déclaration que la Ministre a choisi de faire est la première. Nous n’avons pas, à ce stade, c’est la première fois que nous dénonçons de façon aussi claire et explicite ce type de campagne de manipulation. C’est évidemment un message qui sera reçu par les intéressés.

Q - Est ce que vous envisagez de convoquer l’ambassadeur russe ?

R - A ce stade, cette décision n’est pas prise.

Q - Toujours sur les attaques russes, la nature des messages, on peut en savoir plus ou pas du tout ? Et les dates, vous n’avez pas dit à quel moment ça s’est passé, ça s’est produit ?

R - On vous donnera davantage d’informations plus tard. Mais je n’ai pas de dates à vous donner, que je puisse vous communiquer, mais nous le ferons par la suite, si vous le souhaitez.

Q - Ni sur la nature des messages ?

R - Ce n’était pas des messages, en fait, c’était des sites miroirs des sites gouvernementaux, et notamment du site Diplomatie, avec une volonté claire de créer de la confusion vis-à-vis de l’opinion française s’agissant du soutien que nous apportons à l’Ukraine.

Q - Et deux autres petites questions. La première sur le Mercosur : est-ce qu’il y a une évolution de la position française, puisqu’il va se passer des choses du côté de l’Amérique du Sud ? Et deuxième chose, est-ce que vous êtes au courant du changement d’ambassadeur de Chine en France, M. Lu Shaye qui serait remplacé par M. Deng Li, ça vous dit… ? Vous avez été informée de ce changement au plus haut niveau de la diplomatie chinoise en France ?

R - Sur le Mercosur, vous savez qu’Olivier Becht a eu l’occasion de s’entretenir de ces questions. Il était récemment encore au Brésil et au Chili et ces questions commerciales ont été évoquées. Il a pu réitérer à ses homologues chilien et brésilien la position de la France, qui fait état d’une position très constructive sur la poursuite des discussions sur les accords commerciaux, mais aussi des clarifications que nous attendons des Etats du Mercosur, sur la base des exigences que nous avons réitérées en matière de protection environnementale, de standards de responsabilité sociale des entreprises. Tous ces aspects sont sur la table. Il y a, comme vous le savez, une proposition de la Commission qui a été transmise, à cet égard, à tous les Etats du Mercosur. Nous entendons poursuivre la discussion à ce sujet, et ce sera en effet un des sujets qui seront évoqués, notamment dans le cadre des rencontres entre l’Union européenne et la communauté CELAC.

S’agissant de l’ambassadeur Lu Shaye, je n’ai pas d’informations à cet égard, et je vous renvoie vers les autorités chinoises qui sont compétentes sur ces questions.

Q - Je reviens sur l’Ukraine. Certains pays voisins étudient la possibilité d’envoyer des troupes sur le sol ukrainien, ce qui va changer, effectivement, la donne. Est-ce que la France soutient ce type d’engagement ?

R - Notre position est claire : nous avons défini notre soutien à l’Ukraine, qui est un soutien à l’Ukraine dans le cadre de la légitime défense qu’elle exerce tout à fait légitimement dans le cadre de la Charte des Nations unies, et en application de ses articles. Notre soutien est aussi clair dans le fait que nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. À ce stade, notre soutien s’exprime de façon politique, humanitaire et en matière d’équipement militaire, comme le savez. Et c’est ce qu’a rappelé le Président de la République au Président Zelensky lors de son dernier entretien.

Q - D’autres partenaires ont indiqué que des troupes pourraient être envoyées sur le terrain en Ukraine. Qu’en est-il de la France ?

R - Nous n’avons jamais évoqué ce point. Vous savez que nous n’apportons que de l’aide en termes d’équipements militaires à l’Ukraine, dans le cadre de l’exercice de sa légitimé défense.

Q - Des discussions sont en cours… En fait, c’est deux questions. La première : des discussions sont en cours entre l’UE et la Tunisie autour d’un éventuel accord sur la gestion migratoire. Que proposent la France et l’UE à Tunis ? Qu’attendent-elles en retour, sachant que le Président Saïed s’oppose à ce que la Tunisie, je cite : "soit juste un simple gendarme qui veille à protéger les frontières des autres" ? Deuxième question, au regard de l’Algérie : quelle sera la réaction de Paris à la réintroduction de couplets hostiles à la France dans l’hymne national algérien ?

R - S’agissant de l’Union européenne et de la Tunisie, je tiens à rappeler qu’il y a eu une visite très importante ces derniers jours, puisque la Présidente de la Commission, Mme Ursula von der Leyen s’était rendue à Tunis le 12 juin, pour annoncer un paquet de soutien à la Tunisie, que la France et nos autorités ont contribué à élaborer. Donc il s’agit d’un paquet de soutien qui se décline en différents points, dont les questions migratoires, mais qui évoque également le développement économique, les investissements, l’énergie, les migrations et les échanges, les contacts entre les populations, avec notamment la mise en place d’un plan Erasmus+ entre la Tunisie et l’Union européenne. Ces annonces sont le résultat d’un important travail que la France a mené avec ses partenaires européens pour venir en aide à la Tunisie en cette période de crise socio-économique très grave qui frappe la Tunisie. Elles font l’objet d’un suivi régulier. Vous savez que la Ministre avait eu l’occasion de s’en entretenir avec les ministre tunisien des affaires étrangères, M. Nabil Ammar, et que ce suivi sera poursuivi dans le cadre des échéances européennes, et notamment du Conseil d’association entre l’Union européenne et la Tunisie, qui devrait se tenir avant la fin de l’année 2023.

Sur le deuxième point, je n’ai pas connaissance de ces éléments, donc je ne peux pas vous faire de réponse là-dessus.

Q - Je reviens encore sur la Russie, excusez-moi. Est-ce que c’est la première fois que la France est attaquée, enfin, en tout cas, que le ministère, ici, est attaqué ? Et quelle peut être la suite, pour l’instant ? Comment vous voyez la suite, justement ? Est-ce qu’il y a un renfort qui va être fait ? Est-ce que vous avez réussi à donner des informations aux autres ministères, etc. pour mieux se protéger ?

R - Je crois que ce que je viens d’évoquer ce matin, et ce que la Ministre a souligné dans le cadre de cette déclaration, et la réponse très efficace qui a été faite, puisqu’il y a eu une détection très rapide de ces opérations de manipulation de l’information, qui ont permis, précisément, de déjouer cette manœuvre et de prendre les contremesures nécessaires pour protéger notre opinion publique. Nous estimons être prêts à faire face à ces campagnes de désinformation, que nous continuons à dénoncer et qui constituent un des éléments de déploiement de la guerre hybride que mène aujourd’hui la Russie.