Q&R - point de presse live (16 novembre 2023)

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Q - Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme a sonné l’alarme, je cite, sur « des allégations extrêmement graves de violations sérieuses du droit international humanitaire » et qui exigent, d’après lui, une enquête internationale. Est-ce que la France soutiendrait cet appel à une enquête pour établir les responsabilités ?

R - Sur les violations graves du droit international humanitaire, vous savez que notre position est très claire aujourd’hui : Israël a le droit de se défendre, Israël doit le faire dans le respect du droit humanitaire international. C’est une demande qui a été formulée par toutes nos autorités, depuis le début. Vous avez entendu le Président de la République : il a notamment évoqué le fait que nous condamnions les frappes qui pourraient intervenir ou qui étaient intervenues contre des infrastructures civiles notamment, et contre les populations civiles. S’agissant de la justice internationale, vous savez que nous considérons que c’est une garantie de la stabilité internationale et qu’elle doit donc pouvoir s’exercer.

Q - Alors que l’ONU évoque les carnages commis par Israël à Gaza et que le nombre d’enfants et de femmes tués augmente chaque jour, pourquoi la France ne parvient toujours pas à placer les termes « condamner » et « Israël » dans la même phrase ou à exercer une pression concrète sur Tel-Aviv pour obtenir un cessez-le-feu sans délai ?

R - Je crois que vous n’avez pas écouté les propos du Président de la République, donc je vous invite à les réécouter avec la plus grande attention, puisqu’il a condamné hier avec la plus grande fermeté tous les bombardements de populations civiles, et en particulier d’infrastructures civiles, qui doivent être protégées au titre du droit international humanitaire. Je crois que cela répond très clairement à votre question. S’agissant de la nécessité d’aboutir à une trêve, qui doit mener à un cessez-le-feu, qui est la position de la France, je vous rappelle que la France s’est engagée dès la résolution jordanienne sur cette position - et donc dès le 27 octobre -, en soutenant l’effort porté par les membres arabes du Conseil de sécurité, qui présentaient cette résolution à l’Assemblée générale. Et comme je l’indiquais, nous avons contribué très largement à construire une convergence de vues au sein de la communauté internationale, à la fois au Conseil de sécurité, à l’Assemblée générale des Nations unies, dans l’Union européenne et au G7, sur cette question. Donc je crois que nous faisons tous les efforts possibles en ce sens et nous continuerons à les faire. C’était le message très clair du Président de la République.

Q - Maintenant que la résolution de Malte a été votée hier au Conseil de sécurité, quand est-ce que cette trêve sera effective ? Et par quel moyen, quel mécanisme ? Sur quel levier il faut agir pour qu’elle le soit ?

R - Le levier qui est le nôtre, c’est celui de passer des messages convergents et, comme je l’indiquais, c’est vraiment le travail que nous avons conduit, que la Ministre a conduit à travers les trois visites que je rappelais en début de session, à travers tous les entretiens qu’elle a avec ses partenaires de la région et ses partenaires internationaux, et dans les enceintes que je mentionnais. Ce travail, il se poursuit. Nous souhaitons que cette trêve soit immédiate. C’est le message passé hier pour la première fois par le Conseil de sécurité. Il est extrêmement important que le Conseil de sécurité se soit prononcé enfin d’une seule voix sur une situation, et face à la situation qui est d’ores et déjà dramatique à Gaza. Et donc il faut que nous continuions à peser dans ce sens, et c’est bien l’intention de la France.

Q - Est-ce que ça dépend du bon vouloir d’Israël ?

R - Cela dépend de la capacité, en effet, de tous les partenaires à passer des messages convergents et à faire en sorte qu’Israël puisse entendre que cela est dans son intérêt. Et c’est notre conviction aujourd’hui.

Q - Pedro Sanchez vient d’être réélu comme Premier ministre, justement maintenant ; cela vient d’être voté à l’Assemblée nationale. Alors, je voudrais savoir si vous avez un premier commentaire ?

R - Comme vous le savez, l’Espagne est un partenaire extrêmement important pour la France, donc nous nous réjouissons par avance de pouvoir travailler avec le gouvernement espagnol sur toutes les priorités qui sont les nôtres, et notamment sous présidence espagnole de l’Union européenne, avec laquelle nous partageons de très nombreux objectifs et priorités. Il ne me revient pas de me prononcer à la place du Président de la République, s’agissant d’un message à destination du Premier ministre, mais d’ores et déjà, nous nous réjouissons évidemment de pouvoir travailler avec le gouvernement espagnol sur ces sujets d’intérêt commun.

Q - Avez-vous des commentaires sur la réunion qui est en train de se dérouler à San Francisco de la coopération économique pour l’Asie-Pacifique, ainsi que sur la rencontre entre les présidents chinois et américain, sachant que la France est aussi un pays indopacifique avec ses territoires ultramarins.

R - On ne peut que se réjouir de la reprise des contacts au plus haut niveau entre la Chine et les États-Unis. Vous savez que nous avons notre politique en la matière qui est connue, qui est fondée sur le triptyque qui est défini avec nos partenaires européens depuis 2019 : une relation avec la Chine qui se fonde à la fois sur une relation partenariale qui fait néanmoins le constat que la Chine est un partenaire concurrent et potentiellement un rival systémique. Et donc, nous continuerons à travailler dans le cadre de cette stratégie pour développer nos relations dans la région Indopacifique. C’est dans ce cadre-là, que nous regardons et suivons les débats au sein de l’APEC.

Q - J’ai une question sur le Maroc. Cette semaine, l’ambassadeur de France au Maroc a accordé une interview à un média marocain, au cours de laquelle il a eu des propos, assez…comment dire, il a fait un peu le mea culpa de la France sur la politique de restriction des visas. Propos qui ont été plutôt bien accueillis dans la presse marocaine : certains ont évoqué un tournant décisif, d’autres ont remarqué un geste pour réchauffer les relations diplomatiques entre les deux pays. Je voulais savoir s’il y avait effectivement un réchauffement entre les deux pays - il y avait eu une crispation après le séisme ? Et est-ce que vous avez, d’ores et déjà, eu des contacts avec la nouvelle ambassadrice qui a été nommée, ici, en France ? Et avez-vous des éléments concernant une éventuelle visite du roi, dont on parle depuis longtemps, est-ce que vous y travaillez ?

R - Nous travaillons activement sur tous les aspects de cette relation d’amitié que nous entretenons avec le Maroc. Une relation dense et riche, comme vous le savez. Vous avez pu noter la visite récente du ministre de la défense marocain en France. Vous avez évoqué la nomination d’une nouvelle ambassadrice du Maroc en France, dont nous nous réjouissons. Vous avez pu noter, également, que notre ambassadeur avait récemment remis ses lettres de créances. Donc il travaille, c’est son mandat, évidemment, au développement de nos relations d’amitié avec le Maroc. Et ses déclarations, s’agissant notamment des visas, s’inscrivent pleinement dans la continuité des annonces qu’avaient faites la Ministre lors de sa visite au Maroc en décembre 2022, où je vous rappelle qu’elle avait annoncé la reprise d’une pleine activité consulaire normale, de part et d’autre de la Méditerranée.

Q - et sur une visite de Mohamed VI à Paris ?

R - À cet égard, je vous renvoie vers l’Élysée.